Mohammed Bennis poeta marocchino, in English e altre lingue

La critique et le chant

Alors que le Maroc est l’invité du Salon du livre de Paris qui s’ouvre le 23 mars, En attendant Nadeau a choisi de faire entendre des voix singulières, loin de la diplomatie culturelle. En plus du programme du festival off, et d’un point sur la situation réelle du livre au Maroc, à partir de l’ouvrage de Kenza Sefrioui, Le Livre à l’épreuve, nous vous proposons cet entretien avec le poète Mohammed Benis.

Mohammed Bennis a publié quinze recueils de poèmes, des études qui ont fait date dans la poésie marocaine et la poésie arabe moderne, des textes et des traductions, en particulier La Blessure du nom propre d’Abdelkabir Khatibi, La Rumeur de l’air (œuvres poétiques) de Bernard Noël, Tombeau d’Ibn Arabi suivi de Les 99 Stations de Yale d’Abdelwahab Meddeb, Un coup de dés de Stéphane Mallarmé, publié dans une édition bilingue avec Isabelle Checcaglini et Bernard Noël chez Ypsilon éditeur à Paris en 2007).

Il a fondé, en 1974, avec Mostafa Mesnaoui, la revue Attakafa el-Jadida (La Culture nouvelle) qui a joué un rôle important dans la vie culturelle au Maroc. Attakafa el-Jadida a été interdite en janvier 1984 pendant les émeutes de Casablanca. Puis, en 1985, il a créé les Éditions Toubkal dans le but de participer à la modernisation de la culture au Maroc. Mohammed Bennis est également, en 1996, membre fondateur, avec Mohammed Bentalha, Hassan Nejmi et Salah Bousrif, de la Maison de la Poésie au Maroc. Poète engagé, il est l’un des signataires du « Manifeste pour la démocratie », publié par des intellectuels marocains lors du « Mouvement du 20 février », en 2011.

Son œuvre est traduite dans de très nombreuses langues. Parmi ses recueils traduits en français, citons Désert au bord de la lumière (Al Manar, 1999, trad. Abdelwahab Meddeb), Fleuve entre deux funérailles (L’escampette, 2003, trad. Mostafa Nissabouri), Lieu païen (L’Amourier, 2013, trad. Bernard Noël). Préfaçant Le Don du vide (L’Escampette, 1999) qu’il a également traduit en collaboration avec l’auteur, Bernard Noël dit de lui qu’« à côté d’Adonis et de Mahmoud Darwich, Mohammed Bennis a construit une œuvre qui ne doit qu’à la recherche patiente de sa propre justesse d’être devenue exemplaire au milieu de la langue arabe. Elle y porte déjà un avenir qui la rend fondatrice. »

Vous écrivez de la poésie arabe moderne. Est-ce vous inscrire dans une tradition ?

La poésie arabe moderne est devenue une tradition : depuis près d’un siècle que les poètes arabes ont commencé à renouveler leur vision de la poésie, leur rapport à la langue, aux règles de l’écrit du poème, ils se sont ouverts à la poésie moderne dans une relation constante avec la traduction et l’apprentissage des autres langues et leur ouverture à d’autres traditions poétiques : l’anglais et le français ont joué un rôle déterminant pour ouvrir les poètes à la poésie internationale.

La poésie arabe ancienne est très riche ; le poète moderne n’en refuse pas les formes, mais le rôle qui lui a été assigné par le pouvoir politique durant la période islamique. Dans la période antéislamique, le poète était l’homme de la première parole, il détenait le pouvoir de la parole. Avec l’Islam, le Coran la lui a enlevée. Mais au cours des siècles, les grands poètes n’ont jamais été soumis à cet ordre : d’où des moments de conflits entre des grands poètes et le Coran comme Abu Nawas, Abu Tammam, Al Mutanabbi et Abu Ala al-Maâri.

Avec la modernité, la première chose que le poète a défendue, c’est son autonomie par rapport au pouvoir politique et le retour au poète prophète.

Les premiers auteurs qui m’ont marqué sont Khalil Gibran, homme de prose et de poésie, Abou el Kacem Chebbi et l’Irakien Badr Chakir Essyab, puis Adonis, qui a été un point de non-retour pour moi dans une expérience poétique ouverte sur la pensée, la mystique et l’aventure dans l’écriture. Après ces maîtres, nous avons réussi à faire de la poésie moderne une parole première, à la fois chant et critique. La poésie est nécessaire à la pensée critique. L’éloge de la révolution, dans les idées et dans les formes, a été fait par des poètes.

Comment la question de la langue s’est-elle posée pour vous ?

Au début des années 1950 sont apparus les premiers écrivains marocains de langue française (Driss Chraïbi, Laâbi). Ils avaient été formés par l’école marocaine mais ils ont écrit en français et ont théorisé ce choix de langue en disant que l’arabe était une langue figée, peu apte à être moderne, une langue traditionnelle et traditionaliste. Même si j’ai beaucoup appris de ce mouvement (qui restait mouvement d’élite), il m’apparaissait que l’on pouvait libérer la langue arabe de l’intérieur. Pour moi, pour ma génération, il fallait d’abord briser le mur de rupture totale qui s’était édifié entre l’arabe et le français dans ce pays. C’est pourquoi j’ai commencé par traduire certains de ces écrivains (Laâbi, Khatibi, La blessure du nom propre) parce que j’avais le sentiment que, si on voulait vraiment révolutionner la langue arabe, ce n’était pas en la laissant entre les mains des traditionalistes. Il fallait exercer la violence dans cette langue elle-même, par la traduction, par la poésie.

En écrivant de la poésie, on ne se place sous aucune tutelle. La langue a été révolutionnée par quantité de poètes arabes. Et nous avons la capacité de faire ce qu’on veut de notre langue.
Ce qui est triste, c’est que le français est devenu la langue du prestige et du profit au Maroc après l’indépendance. Écrire en arabe ne voulait plus rien dire. Tu étais rejeté, exilé, sans parole dans ta société même. C’est un drame que nous vivons encore.

Comment avez-vous fait pour vous faire reconnaître malgré cette exclusion de fait ?

J’ai compris qu’il fallait dialoguer avec le monde. Ma langue est aussi celle des poètes français. En traduisant le français en arabe et en écrivant en arabe avec un esprit moderne, je pense que j’ai changé quelque chose. J’ai fondé la revue al Jadida qui est parvenue à un tirage de 10 000 exemplaires, qui est devenue une référence pour la jeunesse de l’époque.

Puis nous avons fondé les éditions Toukal. Nous participons à la modernité de la culture arabe dans ce pays, même dans le monde arabe. On a traduit Derrida, Kristeva, Jakobson…

Mais il reste vrai que nous sommes entre deux murs dans ce pays : le mur du fanatisme religieux et celui de la francophonie. Aucun des deux ne nous laisse nous ouvrir sur le monde. Je suis un anti-francophone déclaré. J’ai écrit un texte récemment à l’occasion du Salon du livre : je ne suis pas contre la culture française mais je veux libérer le français de la francophonie. La francophonie a pris le français en otage. C’est un esprit qui n’a rien à voir avec les créateurs français. Les grands créateurs, ce sont ceux qui apprennent d’autres langues pour enrichir leur langue. Je suis attaché à la culture française pour interroger ma propre culture, revisiter les expériences poétiques et les courants d’idées, c’est notre moyen pour résister dans un monde enfermé.

Vous êtes proches de nombreux poètes français, Bernard Noël, Michel Deguy… Avec eux vous ne sentez pas le mur ?

Oui, avec eux, je sens le contraire du mur. Mon dialogue permanent avec mes amis poètes français a toujours été un sens ouvert dans les deux langues et un partage des idées. J’ai des amis dans d’autres langues, en Espagne, en Allemagne, en Turquie.

Parmi ceux qui, dans mon pays, ont fait le choix d’écrire en français, je fais une différence entre ceux qui font de la culture arabe une base de leur écriture en français (Khatibi, Meddeb) et ceux qui rejettent toute cette culture et travaillent dans un espace que je ne peux pas définir. Avec ceux-là je ne peux pas discuter. Ils n’apportent rien, ni pour le français, ni pour l’arabe. C’est pourquoi je parle des âges de la modernité, qui nous permettent de voir autrement le monde aujourd’hui et la situation aussi bien des langues que des cultures. Oui je suis marocain, conscient de la situation culturelle qui a encore du mal à sortir de ses dogmes, et un poète ouvert sur le monde. Je ne suis pas conditionné par la situation de mon pays.

Voyez-vous la traduction comme une expérience du déconditionnement ?

Oui, et je vais vous parler d’une expérience décisive que j’ai faite dans ce sens. La poésie en tant qu’expérience dans la langue et de la langue m’a mené vers Mallarmé et Un coup de dés. Après ma découverte du poème au début des années 1980, je n’ai cessé de lire et de relire le poème et ce qui avait été écrit sur le poème, considéré comme intraduisible en arabe. Un jour, lors d’une rencontre avec eux, Bernard Noël et Isabella Checcaglini m’ont incité à traduire Un coup de dés. J’ai compris cela comme un appel que j’attendais depuis fort longtemps. Et comme tout croyant à l’invisible, j’ai répondu « oui, je traduis », sans mesurer les conséquences de cette décision folle que j’ai prise. Mais je n’ai pas été déçu, car j’ai commencé à travailler sérieusement en faisant de la modestie ma boussole et mon chemin.

Petit à petit, le poème en arabe a pris forme d’une manière inattendue. L’idée de Bernard Noël était au départ que ce poème avait besoin d’un miroir, d’un renversement dans une autre langue pour voir ce qu’il pouvait nous dévoiler. Et j’ai été surpris par le fait que le jeu de miroir n’était pas un reflet, mais une apparition, silencieuse, qui se concrétisait dans le poème et dans la langue. En respectant la poétique de Mallarmé, qui repose à la fois sur l’archaïque et la création, je suis arrivé à faire de ce poème en arabe un poème mieux adapté à l’arabe qu’au français (ce que j’explique dans mon « journal de traduction » publié avec le poème et un article publié dans le troisième numéro des Études Stéphane Mallarmé sur « Mallarmé et la culture arabo-islamique »). Cela peut vous paraître bien prétentieux ! Mais je ne dis que ce que j’ai fait, ni plus ni moins.

Je crois que la traduction de ce poème en arabe a fait événement dans le monde arabe. Les gens ont été frappés de voir comment un poème pouvait réclamer autant d’efforts, autant d’explications (j’ai aussi fait la collecte de toutes les traductions existantes dans le monde… à l’exception de la japonaise que j’aimerais bien avoir cette année). Le travail de l’édition bilingue nous a aidés à donner forme à ce poème et a montré combien nous sommes proches, combien le dialogue entre nos deux cultures est présent dans les grandes œuvres européennes (à travers Dante, Goethe, Mallarmé…). On pourrait citer aussi Le Fou d’Elsa, d’Aragon, entièrement basé sur la culture arabe. Il a fait un travail considérable, grâce, c’est Jean Ristat qui me l’a dit un jour, à des amis communistes de Fez, qui lui ont montré quantité de documents sur la civilisation et la culture arabe et andalouse.

Nous vivons dans un moment difficile où il est bon de rappeler que les intellectuels et les écrivains de nos deux cultures peuvent reproduire ces moments de dialogue dans la profondeur à la fois du poétique et du savoir. Je considère que l’avenir du français au Maroc est étroitement lié à la modernisation de la langue arabe. Et la modernisation de la langue arabe contribuera au dialogue entre nos deux cultures.

https://www.en-attendant-nadeau.fr/2017/03/21/critique-chant-bennis/

El vino de Mohammed Bennis

Ediciones del oriente y del mediterráneo

Sea encuentro de bebedores tu día.
Mohammed Bennis

Para los lectores ociosos y compulsivos, nos parece muy importante que los sitios y páginas de librerías en la web, cumplan con un mínimo de facilidades. Creo que en México se logra esto bastante bien, pero en España son (a mi entender) aún más amigables para los que curioseamos buscando alguna novedad en materia de poesía. Y si a esto añadimos que hay casas, como Ediciones del oriente y del mediterráneo, que no llegan en forma natural por estos rumbos, entonces uno celebra y sigue celebrando esto del internet.

Sin darle más vueltas, así fue como di con este libro y con este poeta y crítico literario de Fez, Marruecos.

Desde el título mismo mordí el anzuelo. La poesía árabe tiene toda una tradición clásica y contemporánea sobre el tema báquico y erótico. Visto así, y declarado así, en su sola palabra: Vino, y atendiendo igual a mi debilidad sobre el asunto, puse en el carrito de compras el ejemplar.

El libro está compuesto de tres apartados: Epifanía infinita, Destello que da en el blanco de la noche, y Voz sola. El eje temático es obvio, pero los caminos (los poemas) son muchos y muy variados. Supongo que algo se pierde en la traducción, pero en definitiva hay algunos textos, algunos versos, que me acompañarán por siempre.
A lo largo de los años me he propuesto dejar una huella de mis lecturas, así que me he formado la disciplina de transcribir aquellos poemas (dos o tres) que más impactaron en el momento.

Lo curioso de este caso, es que decidí no transcribir un poema, sino hacer un poema con los versos y subrayados que fui dejando a lo largo del tránsito entre las páginas.

Me gustó la idea y me avoqué a eso. No atendí ningún orden ni prejuicio, me dejé guiar simplemente por el gusto y el instinto poético, lo cual facilitó las cosas. Comparto entonces mi resumen:

Sea tu barro lugar
donde toda condición se desploma.
El mejor vino es el que embellece el silencio.
Horizonte que rebosa en esa plenitud.
Celebro con orgullo la distancia.
Páginas de sabiduría que mi embriaguez borra.

En mi borrachera topé con muchos rostros.
Confundí esos rostros con fantasmas.
No hay a nadie a quien puedas revelar
el secreto del brillo en la copa.
¿Viene acaso del vino? ¿Acaso del cristal?
Es tu cuerpo, ah copa, lo que resplandece

en la oscuridad

cuando te acaricio.
Salto de página

Sea encuentro de bebedores tu día.
Tienes el trago de la mañana.
Tienes el trago de la tarde.
De entre todas las paradojas has escogido
aquella que te embriaga, tu aspiración a la utopía.

Aprende a ver cómo se despliegan las señales
escondidas en el vino.
Oscuras manchas de humedad en la taberna,
pájaros…

Del horizonte se apodera la hendidura del alba.
Sea tu amanecer morada donde se refugian
nuestros deseos.

Día recién estrenado,

la copa que deja su brillo en las venas.
Ebriedad de lo imposible:
refugio
resurrección
ocultamiento.

http://revistalevadura.mx/2016/02/21/el-vino-de-mohammed-bennis/

Mohammed Bennis

Mohammed Bennis è nato a Fès, in Marocco nel 1948. La sua prima raccolta di poesie fu pubblicata nel 1960 e al momento ha raggiunto le 11 raccolte. Ha amato la poesia fin da piccolo. Ha studiato filosofia a Fès, e dal 1980 ha insegnato alla Facoltà di Filosofia a Rabat. Nel 1971 fondò l’importante e influente rivista letteraria Al-Thakafa al-Jadida [Nuova Cultura], che ha continuato a pubblicare fino a quando nel 1984 fu vietato. Nel 1985, insieme ad un gruppo di professori universitari ed…

http://www.casadellapoesia.org/poeti/bennis-mohammed/poesie

Claudia Negrini

Mi trovo in Marocco, terra che amo e che mi accoglie d’estate ormai da qualche anno. Qui i tempi rallentano, tutto va più piano, anche quando bisogna fare più cose.

Ma se non potete venire tutti in Marocco, allora provo a portare un po’ di Marocco da voi e vi parlo di Mohammed Bennis.

È nato a Fes nel 1948 e già a vent’anni inizia a pubblicare poesie su vari giornali. Ben presto diventa un punto di riferimento per la poesia araba contemporanea, tanto da essere spesso paragonato ad altri grandi poeti come Adonis e Mahmud Darwish.

È stato in grado di mettere in moto un grande processo di innovazione della poesia marocchina, che l’ha portata a svincolarsi dalle forme rigide della classicità per abbracciare la leggerezza del verso libero. È lui che l’ha guidata verso le nuove correnti poetiche che percorrevano il mondo intero in quegli anni, facendole mantenere la sua originalità locale.

Nonostante questo rinnovamento radicale, infatti, Bennis ha voluto mantenere la lingua araba, che ha preferito al francese, già sfruttato sia in Marocco che in Europa nella produzione poetica di quegli anni.

La lingua diventa vitale per la poesia, così come la poesia diventa vitale per la lingua. La carta diventa tavolozza e la scrittura e l’impaginazione vengono sfruttate saggiamente, creando forme, spazi e vuoti.

Altro nodo principale nella sua produzione poetica è il concetto di modernità, che si contrappone fortemente con quello di globalizzazione. La modernità per Bennis  non è assimilazione cieca e smodata, ma rinnovamento ponderato verso la libertà della poesia e dell’uomo.

Infine il dialogo, dialogo tra culture, quella occidentale e quella orientale, ma anche fra presente, passato e futuro rimarcandone la continuità. Il passato andaluso, per esempio, è presentato con grande nostalgia, ma allo stesso tempo sorge il desiderio di poter ricreare nel Mediterraneo la convivenza tra popoli e religioni come avveniva in quella terra.

Mediterraneo Bennis

Di questo si parla lungamente in “Il Mediterraneo e la Parola, Viaggio, poesia, ospitalità”, a cura di Francesca Corrao e Maria Donizzelli, pubblicato da Saggine, Donizzelli Editore nel 2009.

Si tratta di un raccolta di frammenti di saggi o discorsi e di poesie che hanno come tema centrale questo mare che dovrebbe unirci, ma che invece sembra dividerci. Sono tutte riflessioni sull’esigenza di creare un dialogo proficuo tra le due sponde del Mediterraneo e non una barriera impenetrabile. È un’ode a quello che era, e che si spera possa ancora essere un giorno, il mare che gli arabi chiamano il “mare bianco centrale”.

In linea con questi pensieri, il poeta marocchino dà molto valore anche alla traduzione fatto che a essere sinceri mi ha sorpreso parecchio. Penso che la traduzione poetica sia una delle più difficili: bisogna cercare di tradurre le parole non solo in modo tale che abbiano un senso, ma anche affinchè suonino bene, bisogna cercare di mantenere un ritmo e una sonorità simile tra lingue spesso molto diverse e penso anche che la lingua originale venga inevitabilmente tradita da questo processo. Mohammed Bennis, però, vede la traduzione come occasione per stabilire un dialogo, un punto di partenza per la comprensione reciproca.

A tal proposito, una delle sue raccolte che mi piace di più, però, non è in italiano, bensì in spagnolo. È un libricino intitolato “Un rio entre dos funerales” (Un fiume tra due funerali) e l’ho divorato in poche ore. È tradotto magnificamente da Luis Miguel Canada, pubblicato da Icaria Editorial con testo a fronte in arabo.

Il titolo dice già tutto: parla di fiumi, di acqua e di morte, in un associazione che abbiamo imparato a fare solo negli ultimi anni, purtroppo. Sono rimasta colpita dalla delicatezza, dalla sensibilità con cui parlava di un tema così complicato. Gli occhi non scorrevano veloci sulle parole, ma ne erano guidati, a volte rapidi altre volte più lentamente. Mi ha fatto riscoprire la poesia in un momento in cui mi ero allontanata da lei e mi ha riportato alla calma marocchina.

Buona Lettura!

http://arabpress.eu/mohammed-bennis-e-la-riscoperta-della-poesia/67545/

Chant pour le Jardin de L’Eau

par Mohammed Bennis

L’eau inaugure le lieu

L’eau, âme libre venant à toi

du moindre obscur

Écoute l’eau

toi

qui passes cette porte

Premier pas

est l’amour

Tous les suivants

gravissent la mémoire

pour saluer les passants

Ici, nul étranger

Tous frères nous sommes

venus glorifier la pureté de l’eau

Ô souveraine

qui veilles à la pureté

n’oublie pas qu’entre tes mains

l’eau fait fleurir l’âme et coule jusqu’à l’infini
Rien ne te sépare de cet air

rien de ce silence

Que je touche une pousse

revient pour moi

à toucher l’étoile

Notre nature est la même

Ici. j’écoute les entrailles qui scandent

Écris le salut

écris l’absence

Si j’étais ici une fois

je serais toujours ici

Les plafonds ne sont pas moins hauts que le ciel

les branches pas plus lentes que l’aile d’une tourterelle

L’escalier qui conduit à ma chambre

mène aussi au théâtre des mots

Scrute cette lumière jaillissant de la pierre
Les coins écartés du jardin se rapprochent les uns des autres
Le courant d’eau les pousse dans la paix de la vasque solitaire

Lente, l’ombre avance

portant nos pas

vers ce que nous ne connaissons pas

Libère-toi de l’allégresse de la fin

Tu es voué à cette marche

d’une âme l’autre

et les revenants ne se rappellent plus qui tu es

Habite la chambre du silence

Comme un sourire retenu

les miroitements reproduisent

des fleurs jamais semblables

Le jardin accueille chaque fois les premiers souffles

A chaque pas

commence

la danse

L’Andalousie n’est pas un vocable
Regarde

ces couleurs de musique

ces traces

d’amants
Ne cherche pas d’autre lieu
Ici

est l’Andalousie de l’eau ton
Andalousie

Le jardin des déserts

recueille

mes amis errants

l’un

après l’autre

Ils sont ici

échangeant des coupes de vin

sans relâche

Les nuits se déversent

sur des pentes descendant

vers les vallées du silence

Mais les amis se réunissent ici

nuit

après nuit

jardin

désert

http://emmila.canalblog.com/archives/2014/02/20/29263746.html

Erranza

Ogni volta
che fraternizza con una steppa
la sua clemenza giunge copiosa
è chiamato a una soglia di luce
da una schiera di steppe
Ogni volta
che nel blu fissa
il suo fiore
nell’intangibile germogliano
altri fiori
Lui
ondeggia incantato
dalla luce che scende
su voci
che occultano altre voci
che non hanno radici
in
una gola
che si disseta al sogno di un soffio
A volte
celebra l’ignoto
altre volte
non
torna
da: Mohammed Tennis: “Il dono del vuoto” (a cura di Fawzi Al Delmi), Edizioni San Marco dei Giustiziani, Genova, 2001.

 

Canto per il giardino dell’acqua

ItalianoOriginale

L’acqua inaugura il luogo
L’acqua, anima libera che viene a te
da un buio così prossimo
Ascolta l’acqua
tu
che varchi questa porta
Primo passo
è l’amore
Tutti i passi seguenti
incidevano la memoria
per salutare i passanti
Qui, nessuno straniero
tutti fratelli siamo
venuti per celebrare la purezza dell’acqua
O regina
che vegli sulla purezza
non dimenticare
che tra le tue mani
l’acqua fa fiorire l’anima
e scorre fino all’infinito
Nulla ti separa da questa brezza
Nulla da questo silenzio
Quando tocco una pianta
è come
se toccassi
la stella
Siamo
della stessa natura
Qui, ascolto le viscere che scandiscono
Scrivo il saluto
Scrivo il silenzio
Se fossi stato qui una volta
sarei qui per sempre
I tetti non sono meno alti del cielo
I rami non sono più lenti delle ali di una tortora
La scala che porta alla mia camera
conduce anche al teatro delle parole
Scruto questa luce
che zampilla dalla pietra
Gli angoli lontani
del giardino
si ravvicinano gli uni agli altri
La corrente d’acqua li spinge
nella pace della vasca solitaria
Lenta, l’ombra avanza
portando i nostri passi
verso ciò che non conosciamo affatto
Liberati dell’allegria della fine
Sei votato a questo percorso
tra anima e anima
e i fantasmi non si ricordano più chi sei
Abita la camera del silenzio
come un sorriso discreto
Gli scintillii riproducono
fiori che mai si somiglieranno
Ogni volta il giardino accoglie i primi soffi
Ad ogni passo
comincia
la danza
L’Andalusia non è una parola
Guarda
Colori di musica
Tracce
d’amanti
Non cerchi un altro luogo
Qui
l’Andalusia dell’acqua
è la tua Andalusia
Il giardino dei deserti
raccoglie
i miei amici erranti
l’uno
dopo l’altro
Essi sono qui
scambiandosi coppe di vino
Non si lasciano
Le notti si spandono
su versanti che discendono
verso le valli del silenzio
Ma gli amici si riuniscono qui
notte
dopo notte
Giardino
deserto
(dal francese)

Raffaella Marzano

New Poems and More from Mohammed Bennis

By on • ( 2 )

In the latest issue of Asymptote are three newly translated poems by Moroccan poet Mohammed Bennis (b. Fez, 1948), trans. Nashwa Nasreldin:

imaNasreldin notes, in her MFA thesis — where she writes about translating Bennis:

I decided to translate poems from Bennis’ collection, Seven Birds, which is one of his most recent, published in 2011. I chose this collection in particular…because I felt very close to the abstract images and emotions expressed in the poems.  I felt I could enjoy the inherent beauty of language, its flexibility in form and meaning, without being distracted into thinking about the context a poem was written in, or that poet’s political intention.

The same things Nasreldin appreciated about Bennis’s work — the abstract, emotionally evocative images — were also a challenge. As Camilo Gomez-Rivas has put it, “Words one had thought to know well appear [in Bennis’s poetry] dissociated from their common senses, taking on unexpected shades of meaning.” Nasreldin noted in her thesis that she wanted to maintain the strangeness, the openness of the words. From her beautiful translation of “lantern“:

soon they will carry the corpse
to the place where the prayers for the dead
repeat
to the cemetery
in a corner of rushed graves

there
as it is lowered into nothingness
everything makes audible repeating strokes
even silence

a woman
facing her death
sways the lantern

The poem is full of a new strangeness, and a re-seeing of movement — and who moves what. It is certainly not full of overt politics. Indeed, Bennis spoke of his movement away from the initial suffocations of Moroccan politics in an interview with Gomez-Rivas:

I went in [to the Moroccan Writers’ Union in 1973] desiring to change ideas and create a new vision of cultural activity in Morocco and a free Moroccan culture in Arabic. But what I discovered when I joined was that I was with political, not cultural people. I didn’t understand this at first. I was an enthusiastic young man. But slowly, I began to understand that this institution which said about itself that it was a cultural one, was in fact an institution that existed to thwart culture.

Bennis withdrew from the union, and “alone and in his house,” Gomez-Rivas writes, “he set out to write poetry that could reinvigorate the language.” However, while Bennis may write without a certain sort of politics, he does have a vision of poetry’s life- and language-affirming importance. He told Gomez Rivas that a language without poetry:

…would become a series of abbreviated sentences used in political discourse, in the stock market, and in commerce. All of these phrases would be accounted for. There would no longer be a space for the imagination. There would no longer be the possibility for personal experience. You would not be important to it; when you go into the supermarket you are not important to it. On the contrary, when you go into the supermarket today we don’t even need language.

The rest of this excellent interview with Bennis: 

On Banipal.

More of Bennis’s poetry in translation:

“Rose of Dust,” trans. Anton Shammas

“lantern,” “disappearance,” and “a blue hand,” trans. Nasreldin

Tens more poems in translation on Bennis’s official website

https://arablit.org/2013/04/16/mohammed-bennis-a-possible-world-without-poetry-and-swaying-the-lantern/

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