Albert Camus POEME SUR LA MEDITERRANEE – UMBERTO SABA – ULISSE

Comment mieux terminer cette année “poésie” en 50 poèmes, sans lire un poème d’Albert Camus paru en inédit dans la pléiade de 1965 :

  POEME SUR LA MEDITERRANEE

                                            I

                  Au vide regard des vitres, le matin rit

De toutes ses dents qu’il a bleues et brillantes,

                 Jaunes, vertes et rouges ; aux balcons se bercent les rideaux.

Des jeunes filles au bras nus étendent du linge.

                 Un homme, sur une fenêtre, la lunette à la main.

                 Matin clair aux émaux de la mer

                 Perle latine aux liliales lueurs :

                 Méditerranée.

                                         II

Midi sur la mer immobile et chaleureuse

M’accepte sans cris : un silence et un sourire.

          Esprit latin, Antiquité, un voile de pudeur sur le cri torturé !

Vie latine qui connaît ses limites,

Rassurant passé, oh ! Méditerranée !

Encore sur tes bords des voix triomphent qui se sont tues,

         Mais qui affirment parce qu’elles t’ont niée !

         Enorme et si légère,

Tu assures et satisfais et murmures l’éternité de tes minutes,

     Oh ! Méditerranée ! et le miracle de ton histoire

         Tu l’enfermes tout entier

Dans l’explosion de ton sourire.

          Inaliénable vierge, à chaque heure son être se conçoit dans des êtres        déjà  faits.

          Sa vie renaît en nos douleurs.

Elle s’envole ! et de quelles cendres – en lumineux phénix !

           Méditerranée ! ton monde est à notre mesure,

L’homme à l’arbre s’unit et en eux l’Univers se joue la comédie

           En travesti du Nombre d’Or

De l’immense simplicité sans heurts jaillit la plénitude,

           Oh ! nature qui ne fais pas de bonds !

De l’olivier du Mantouan, de la brebis à son berger,

Rien que l’innombrable communion de l’immobilité.

Virgile enlace l’arbre, Mélibée mène paître.

                                  Méditerranée !

Blond berceau bleu où balance la certitude,

Si près, oh ! Si près de nos mains,

Que nos yeux l’ont caressé et nos doigts l’ont délaissé.

                                             III

Au soir qui vient, la veste sur l’épaule, il tient la porte ouverte –

Léché des reflets de la flamme, l’homme entre en son bonheur et se dissout dans l’ombre.

Ainsi ces hommes rentreront en cette terre, sûrs d’être prolongés,

            Epuisés plutôt que lassés du bonheur d’avoir su.

Aux cimetières marins, il n’est qu’éternité.

Là, l’infini se lasse aux funèbres fuseaux.

La terre latine ne tremble pas.

Et comme le tison détonant tournoie dans le masque immobile d’un cercle, Indifférente, l’inaccessible ivresse de la lumière paraît.

           Mais à ses fils, cette terre ouvre les bras et fait sa chair de leur chair,

Et ceux-ci, saturés, se gorgent de la secrète saveur de cette transformation – lentement la savourent à raison qu’ils la découvrent.

                                              IV

         Et bientôt, encore et après, les dents, les dents bleues et brillantes. Lumière ! Lumière ! c’est en elle que l’homme s’achève.

Poussière de soleil, étincellement d’armes,

        Essentiel principe des corps et de l’esprit,

En toi les mondes se polissent et s’humanisent,

En toi nous nous rendons et nos douleurs s’élèvent –

        Pressante Antiquité

Méditerranée, oh ! mer Méditerranée !

Seuls, nus, sans secrets, tes fils attendent la mort.

La mort te les rendra, purs, enfin.

Albert Camus – 1933

http://www.bonheurdelire.com/2015/12/lire-de-la-poesie-de-a-a-z-50-50-camus-poete.html

ALBERT CAMUS – MEDITERRANEO

Nel vuoto sguardo dei vetri, ride il mattino

Con tutti i suoi denti azzurri e scintillanti,

Gialli, verdi e rossi, ai balconi si cullano le tende.

Ragazze dalle braccia nude stendono panni.

Un uomo; dietro una finestra, il binocolo in mano.

Mattino chiaro dagli smalti marini,

Perla latina dalle liliali lucentezze:

Mediterraneo.

II°

(…)

Rassicurante passato, oh, Mediterraneo!

Sulle tue rive ancora voci trionfano che si son taciute,

ma che affermano poiché ti hanno negato!

(…)

Mediterraneo! E’ fatto per noi il tuo mondo,

l’ uomo si unisce all’ albero e in essi l’ Universo

recita camuffato

La commedia della Sezione Aurea.

Dall’ immensa semplicità senza scosse

Scaturisca la pienezza,

Oh natura che non conosci salti!

Dall’ ulivo al Mantovano, dalla pecora al pastore,

nient’ altro che l’ indicibile comunione dell’ immobilità.

Virgilio intreccia i rami, Melibeo conduce a pascolare.

Mediterraneo!

III°

Alla sera che sopraggiunge, la giacca in spalla

Egli apre la porta –

Lambito dai riflessi della fiamma, l’ uomo attraversa la sua

Felicità e si dissolve nell’ ombra.

Così gli uomini torneranno su questa terra, sicuri

D’ essere perpetuati.

Più esausti che infastiditi di aver saputo.

Nei cimiteri marini sola è l’ eternità.

Là, l’ infinito s’ affatica ai funebri fusi.

Non trema la terra latina.

E come il tizzone dissonante volteggia

Nell’ apparenza immobile d’un cerchio,

Indifferente, l’ inaccessibile ebbrezza della luce appare.

Ma ai suoi figli, questa terra  apre le braccia e fa sua

La loro carne,

Pregni, questi si sbramano del sapore segreto

Della trasformazione – lentamente l’ assaporano

A mano a mano che la scoprono

IV°

E presto, ancora e dopo, i denti, i denti

Azzurri e scintillanti.

Luce! Luce! È in lei che l’ uomo si compie.

Polvere di sole, scintillio d’ armi,

Essenziale principio dei corpi e dello spirito,

In te i mondi s’ affinano e si umanizzano,

In te noi ci rendiamo e i nostri dolori si elevano.

Incombente antichità

Mediterraneo, oh, mar Mediterrane!

Soli, nudi, privi di segreti, i tuoi figli attendono la morte.

La morte te li renderà, puri, finalmente puri.

UMBERTO SABA – ULISSE

Nella mia giovinezza ho navigato
lungo le coste dalmate. Isolotti
a fior d’onda emergevano, ove raro
un uccello sostava, scivolosi al sole
belli come smeraldi. Quando l’alta
marea e la notte li annullava, vele
sottovento sbandavano più al largo,
per fuggirne l’insidia. Oggi il mio regno
è quella terra di nessuno. Il porto
accende ad altri i suoi lumi; ma al largo
sospinge ancora il non domato spirito,
e della vita il doloroso amore.

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