David LE BRETON : Disparaître de soi – Expériences de la douleur

Disparaître de soi

Une tentation contemporaine

David LE BRETON

Langue originale : Français (France)

Il arrive que l’on ne souhaite plus communiquer, ni se projeter dans le temps, ni même participer au présent ; que l’on soit sans projet, sans désir, et que l’on préfère voir le monde d’une autre rive : c’est la blancheur. La blancheur touche hommes ou femmes ordinaires arrivant au bout de leurs ressources pour continuer à assumer leur personnage. C’est cet état particulier hors des mouvements du lien social où l’on disparaît un temps et dont, paradoxalement, on a besoin pour continuer à vivre.

David Le Breton signe là un livre capital pour essayer de comprendre pourquoi tant de gens aujourd’hui se laissent couler, sont pris d’une “passion d’absence” face à notre univers à la recherche de la maîtrise de tout et marqué par une quête effrénée de sensations et d’apparence. Voilà qu’après les signes d’identité, c’est cette volonté d’effacement face à l’obligation de s’individualiser, c’est la recherche d’un degré a minima de la conscience, un “laisser-tomber” pour échapper à ce qui est devenu trop encombrant, qui montent. La nouveauté est que cet état gagne de plus en plus de gens et qu’il est de plus en plus durable. David Le Breton, avec cet ouvrage en forme de manifeste, fait un constat effrayant et salutaire de notre engourdissement généralisé. Nous sommes tous concernés par ce risque d’une vie impersonnelle.

Nos existences parfois nous pèsent. Même pour un temps, nous aimerions prendre congé des nécessités qui leur sont liées. Se donner en quelque sorte des vacances de soi pour reprendre son souffle. Si nos conditions d’existence sont sans doute meilleures que celles de nos ancêtres, elles ne dédouanent pas de l’essentiel qui consiste à donner une signification et une valeur à son existence, à se sentir relié aux autres, à éprouver le sentiment d’avoir sa place au sein du lien social. L’individualisation du sens, en libérant des traditions ou des valeurs communes, dégage de toute autorité. Chacun devient son propre maître et n’a de compte à rendre qu’à lui-même. Le morcellement du lien social isole chaque individu et le renvoie à lui-même, à sa liberté, à la jouissance de son autonomie ou, à l’inverse, à son sentiment d’insuffisance, à son échec personnel. L’individu qui ne dispose pas de solides ressources intérieures pour s’ajuster et investir les événements de significations et de valeurs, qui manque d’une confiance suffisante en lui, se sent d’autant plus vulnérable et doit se soutenir par lui-même à défaut de sa communauté.

Dans une société où s’impose la flexibilité, l’urgence, la vitesse, la concurrence, l’efficacité, etc., être soi ne coule plus de source dans la mesure où il faut à tout instant se mettre au monde, s’ajuster aux circonstances, assumer son autonomie. Il ne suffit plus de naître ou de grandir, il faut désormais se construire en permanence, demeurer mobilisé, donner un sens à sa vie, étayer ses actions sur des valeurs. La tâche d’être un individu est ardue, surtout s’il s’agit justement de devenir soi.

Au fil de ce livre, j’appellerai “blancheur” cet état d’absence à soi plus ou moins prononcé, le fait de prendre congé de soi sous une forme ou sous une autre à cause de la difficulté ou de la pénibilité d’être soi. Dans tous les cas, la volonté est de relâcher la pression.

Il s’agit ici de plonger dans la subjectivité contemporaine et d’en analyser l’une des tentations les plus vives, celle de se défaire enfin de soi, serait-ce pour un moment. Sous une forme douloureuse ou propice, cette étude arpente une anthropologie des limites dans la pluralité des mondes contemporains, elle s’attache à une exploration de l’intime quand l’individu lâche prise sans pour autant vouloir mourir, ou quand il s’invente des moyens provisoires de se déprendre de soi. Les conditions sociales sont toujours mêlées à des conditions affectives.

Et ce sont ces dernières qui induisent par exemple les conduites à risque des jeunes dans un contexte de souffrance personnelle, ou qui font advenir la dépression, et sans doute la plupart des démences séniles. Si souvent les approches psychologiques occultent l’ancrage social et culturel, celles des sociologues délaissent souvent les données plus affectives, considérant les individus comme des adultes éternels, n’ayant jamais eu d’enfance, ni d’inconscient, ni de difficultés intimes. La compréhension sociologique et anthropologique des mondes contemporains peut ressaisir la singularité d’une histoire personnelle en croisant la trame affective et sociale qui baigne l’individu et surtout les significations qui alimentent son rapport au monde. Telle est la tâche de ce livre.

Disparaître de soi

Fuggire da sé. Una tentazione contemporanea

David Le Breton

Traduttore: M. Gregorio
Anno edizione: 2016
Descrizione
Ricchissimo di spunti antropologici e letterari, il saggio di Le Breton affronta un tema di grande fascino e invita il lettore a riscoprire alcuni grandi autori della “fuga da sé”, tra i quali Emily Dickinson, Robert Walser, Fernando Pessoa. La società contemporanea esige da noi un’affermazione permanente, la continua reinvenzione della vita. E se qualcuno non si sente all’altezza? Subentra allora la tentazione di lasciare la presa, che può manifestarsi in forma di fuga nell’alcol, nelle droghe, nel gioco, nella follia, o può assumere il carattere di una fuga vera e propria, quando non si lasciano tracce di sé, scegliendo per esempio di vivere “nelle terre selvagge” . Eppure, la volontà di scomparire dal legame sociale è la condizione di cui a volte abbiamo bisogno per continuare a vivere, per inaugurare un rapporto nuovo con sé, con gli altri e con il mondo.https://www.ibs.it/fuggire-da-se-tentazione-contemporanea-libro-david-le-breton/e/9788860308375

Expériences de la douleur

Entre destruction et renaissance David Le Breton (Auteur) Paru en février 2010 Essai (broché)

La relation douleur-souffrance est au cour de cet ouvrage. Il porte sur l’expérience de la douleur, sur la manière dont elle est vécue et ressentie par les individus, sur les comportements et les métamorphoses qu’elle induit. Il s’agit d’être au plus proche de la personne en s’efforçant de comprendre ce qu’elle vit à travers les outils de l’anthropologie. Le propos consiste justement à dégager les liens entre douleur et souffrance, et parallèlement à comprendre pourquoi certaines douleurs sont dénuées de souffrance, voire même associées à la réalisation de soi ou au plaisir. La douleur recherchée ou vécue à travers les conduites à risque ou les scarifications est d’une autre nature que celle qui affecte le malade, par exemple. Le sportif de l’extrême ou simplement le sportif en compétition ou à l’entraînement est un homme ou une femme qui accepte la douleur comme matière première de ses performances, il cherche à l’apprivoiser, à la contenir, il sait que s’il ne se « rentre pas dedans » il fera piètre figure.L’auteur traite d’une douleur qui implique la souffrance dans la maladie ou les séquelles de l’accident ou de la torture, puis analyse une douleur souvent proche du plaisir ou de l’épanouissement personnel, il s’efforce de comprendre l’ambivalence du rapport à la douleur. La douleur est une donnée de la condition humaine, nul n’y échappe à un moment ou à un autre, une vie sans douleur est impensable. Elle frappe provisoirement ou durablement selon les circonstances. Mais, la plupart du temps, elle est sans autre incidence qu’un malaise de quelques heures aussitôt oublié dès lors qu’elle s’est retirée. Elle renvoie toujours à un contexte personnel et social qui en module le ressenti. La souffrance est la résonance intime d’une douleur, sa mesure subjective. Elle est ce que l’homme fait de sa douleur, elle englobe ses attitudes, c’est-à-dire sa résignation ou sa résistance à être emporté dans un flux douloureux, ses ressources physiques ou morales pour tenir devant l’épreuve. Elle n’est jamais le simple prolongement d’une altération organique, mais une activité de sens pour l’homme qui en souffre. Si elle est un séisme sensoriel, elle ne frappe qu’en proportion de la souffrance qu’elle implique, c’est-à-dire du sens qu’elle revêt. Entre douleur et souffrance les liens sont à la fois étroits et lâches selon les contextes, mais ils sont profondément significatifs et ouvrent la voie d’une anthropologie des limites. David LE BRETON est professeur de sociologie à l’Université Marc Bloch de Strasbourg, membre de l’institut Universitaire de France et du laboratoire URA-CNRS « Cultures et sociétés en Europe. » Il est l’auteur entre autres, de Des visages, Anthropologie de la douleur, Conduites à risque, Du silence, Eloge de la marche, La Peau et la trace, La saveur du monde, En Souffrance et Mort sur la route.
https://livre.fnac.com/a2766166/David-Le-Breton-Experiences-de-la-douleur

Esperienze del dolore

David Le Breton affronta qui l’indicibile della sofferenza. Mostra come il dolore sia una sensazione certamente reale, ma anche un’emozione, una percezione, una maniera di decifrare se stessi, e non il semplice ricalco di un’alterazione somatica o una vicenda che interessa soltanto il sistema nervoso. Sappiamo che esiste la tortura, forma di violenza assoluta mirata a produrre un dolore impossibile da contenere, conosciamo la malattia, con i suoi attacchi intollerabili. Ma l’individuo che soffre, ricorda l’autore, vive un’esperienza che lo spoglia dell’essenziale, in cui la frontiera tra interno ed esterno si dissolve fino ad annullare la soglia che consente di sentirsi persona. Attingendo a una vasta gamma di testi letterari, filosofici, storici e antropologici, Le Breton ci aiuta a penetrare in ciò che, dentro di noi, vi è di più complesso e ambivalente e, insieme, a riflettere sui meandri più misteriosi e segreti della nostra storia di vita.

L’autore

David Le Breton sociologo e antropologo, insegna all’Università di Strasburgo ed è membro dell’Institut universitaire de France e del laboratorio URA-CNRS “Culture e società in Europa”. In questa collana è già stato pubblicato Il sapore del mondo. Un’antropologia dei sensi (2007).

http://www.raffaellocortina.it/scheda-libro/david-le-breton/esperienze-del-dolore-fra-distruzione-e-rinascita-9788860306869-1560.html



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