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France : doit-on déboulonner les statues de Bugeaud, « héros » sanguinaire de la conquête coloniale ?

16 août 2017 à 17h19 — Mis à jour le 16 août 2017 à 18h21

Gli scritti militari raccolti da Bugeaud sono stati pubblicati nel 1883 ed erano utilizzati come un manuale di guerra coloniale.

Par Léo Pajon

Inspirés par des militants américains, des internautes français appellent à se défaire des statues et des plaques en l’honneur du maréchal Bugeaud et de revenir sur les non-dits du passé colonial français.

Des journalistes du quotidien Sud Ouest ont récemment vu en lui un « soldat laboureur et un homme politique visionnaire », mais sur Facebook, des internautes l’ont désigné comme « une grosse crapule », un « boucher en uniforme », un « criminel de guerre » qui ne mérite ni statues ni rues à son nom en France. Thomas Robert Bugeaud (1784-1849) fait encore débat, 168 ans après sa mort.

Qui est Bugeaud ? Ce militaire français devenu maréchal, s’est tristement illustré comme gouverneur général de l’Algérie, où il fut l’un des artisans les plus féroces de la « pacification ». Ses méthodes sont connues et documentées : massacres de civils, déplacements de populations, tortures, « enfumades » (il proposait d’enfumer « comme des renards » et donc d’asphyxier tous ceux, civils compris, qui se réfugiaient dans des grottes) et politique de la terre brûlée.

Déjà mis en cause de son vivant, il avait face à lui des adversaires d’envergure, comme un certain Victor Hugo. Depuis peu, ce sont des internautes qui reviennent sur l’empreinte qu’il a laissée dans l’Histoire de France : il y a deux jours, des internautes ont créé une page sur Facebook « Déboulonnons Bugeaud, la statue de la honte », suivie par plus de 200 personnes.

De Charlottesville à l’Histoire de France

Mais pourquoi revenir aujourd’hui sur des faits datant de plus d’un siècle et demi ? À l’origine de la création de la page, un certain Anatole, qui préfère garder l’anonymat pour que son action militante reste « sans label », explique avoir été inspiré par l’actualité américaine. Ce « simple Français », sensible aux questions liées au racisme et à l’histoire coloniale, s’est intéressé à cette statue d’un soldat des États sudistes, favorables à l’esclavage, qui a récemment été « abattue » par des militants à Charlottesville. En Afrique du Sud, il y a deux ans, c’était un monument célébrant le colonisateur britannique Cecil Rhodes qui était retiré de l’Université du Cap suite à la contestation tenace des étudiants.

« Nous aussi devons nous pencher sur notre mémoire politique et sur les non-dits de l’histoire coloniale, estime Anatole. L’historien Daniel Lefeuvre invitait dans un de ses ouvrages à « en finir avec la repentance. » Mais comment en finir, comment digérer ce passé, alors que la plupart des Français ne le connaissent pas réellement, et que l’on continue à célébrer des militaires qui seraient aujourd’hui considérés comme des criminels de guerre ? »

Les internautes ne donnent pas de modus operandi pour se débarrasser des trois statues ou des plaques posées en l’honneur du maréchal. « Il s’agit avant tout d’alimenter une réflexion autour d’un passé qui ne passe pas », souligne l’internaute. Des pistes, un poil provocatrices, ont néanmoins été évoquées : rebaptiser les rues Bugeaud en utilisant les noms de l’écrivain algérien Kateb Yacine, qui dénonçait la colonisation, ou de Lalla Fatma N’Soumer, figure de la résistance kabyle.

http://www.jeuneafrique.com/466537/societe/france-doit-on-deboulonner-les-statues-de-bugeaud-heros-sanguinaire-de-la-conquete-coloniale/

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