La religieuse by Denis Diderot texte intégral , audio e film Jacques Rivette

La religieuse – Internet Archive

La religieuse

by Denis Diderot

Published 1804

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Publisher Rousseau, Mme Devaux, Bertin frères
Year 1804
Pages 442
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Language French
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SUZANNE SIMONIN, LA RELIGIEUSE DE DIDEROT

Fiche technique:
(France, 1966, 130 minutes, couleurs)
Réalisation : Jacques Rivette. Scénario : Jean Gruault et Jacques Rivette d’après Diderot.
Directeur de la photographie : Alain Levent. Musique : Jean-Claude Eloy. Montage : Denise de Casabianca. Décors : Jean-Jacques Fabre et Guy Littaye. Costumes : Gitt Magrini. Sortie en salles : 26 juillet 1967.
Interprétation : Anna Karina (Suzanne Simonin), Liselotte Pulver (Mme de Chelles), Micheline Presle (Mme de Moni), Francine Bergé (Mère Sainte-Christine), Francisco Rabal (Dom Morel), Christiane Lenier (Mme Simonin), Yori Bertin (Soeur Thérèse). 2H15.

Résumé :
Les deux sœurs de Suzanne Simonin ont été richement dotées. Leur père n’a plus les moyens d’en faire autant pour Suzanne qui, de plus, n’est pas sa fille. La solution, au XVIIIe siècle, était simple, expéditive : mettre l’enfant mal-aimée au couvent. Suzanne refuse de prononcer ses vœux, mais nul ne l’entend et elle se retrouve, contre son gré, au couvent de Longchamp que dirige Mme de Moni. Cette dernière convainc la jeune fille d’accepter son destin et de prononcer ses vœux. Mais, après la mort de la Supérieure, Mère Sainte Christine impose une discipline de fer. Elle enferme Suzanne dans sa cellule et pour faire échec à sa tentative de résiliation de ses vœux, affirme qu’elle est possédée du démon. Innocentée, Suzanne est transférée au couvent d’Arpajon où règne une totale liberté instaurée par la supérieure, Mme de Chelles. Celle-ci s’intéresse beaucoup à Suzanne qui, pour échapper aux avances particulières de la religieuse, s’enfuit avec la complicité du Père Morel. Recueillie d’abord par des paysans, puis blanchisseuse, la jeune fille échoue enfin dans une “maison”. Pour fuir une dernière fois son destin, Suzanne se jette par une fenêtre.

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Critiques sur le film :
Jacques Rivette ayant choisi le parti-pris de l’adaptation fidèle, il est toutefois difficile de lui en vouloir d’avoir fait une présentation laborieuse des personnages. Nous sommes dans le mélodrame bourgeois traité avec froideur. Avec quelques bons moments, comme cette remarquable utilisation de la prière du père Séraphin qui, en difficulté d’argumentation, invite sa future victime au recueillement religieux. La prière sert à briser une ambiance défavorable et à en créer une autre. Le père en use en toute lucidité, diminuant ainsi la résistance de Suzanne. Manière habile de traduire l’intelligence des bourreaux et la foi naïve de la victime qui peut très bien se concilier avec son attitude de refus et de révolte.
Dramatiquement important, le personnage de la supérieure interprétée par Micheline Presles se définit par sa générosité et sin inquiétude devant le mystère divin. Elle trouve un illusoire apaisement pour sa protégée dans l’énoncé de quelques formules toutes faites. Pour se consoler, il faut renoncer à penser, il faut s’aveugler, s’en remettre aux dessins impénétrables d’un principe supérieur infaillible. Les personnages vivent d’automatismes, de formules, de prières. Ce sacré qui engendre et qui justifie une sorte de sadisme qui fait de cette Religieuse un authentique film d’épouvante. On sent le piège qui se referme sur la pauvre Suzanne et qui va la meurtrir impitoyablement.
Hallucinante descente dans l’enfer de la méchanceté. Le désespoir de la victime est interprété comme une manifestation du démon. On n’oubliera pas le visage bouleversé d’Anna Karina, ses vêtements lacérés, les fouilles humiliantes, les quarantaines abusives, les crachats. On n’oubliera pas la séance d’exorcisme. Suzanne a la tête recouverte d’une cagoule noire, inondée d’eau bénite, piquée par une épingle au moment d’une réponse décisive. C’est Justine égarée chez les femmes. La religion des bûchers.
Rivette ne pose aucun regard de moraliste. Il parvient même à nous rendre accessible et pitoyable la douleur et l’égarement de ma mère supérieure. Comme il parvient à nous rendre odieux ce prêtre qui, tapi dans son confessionnal, assimile à la présence de Satan l’amour qu’une femme peut porter à une autre. Et on mesure alors la portée du film de Rivette, dans sa parfaite adaptation de Diderot. La lutte pour le respect de la personne humaine est aussi utile de nos jours qu’en 1757. Les obscurantismes, les tyrannies, les censures ont, certes, changé de visages. Mais qu’on songe aux difficultés de sortie du film et l’on comprend l’actualité de certains de ses propos.

Raymond Lefèvre, Cinéma 67 N°121 décembre 1967

En ces temps de retour de l’Inquisition [le film ressortait alors en pleine affaire des Versets sataniques de Salman Rushdie et des attentats contre La Dernière tentation du Christ de Martin Scorsese, NDLR], voilà une reprise qui tombe à pic. Tiré du roman de Diderot, La Religieuse raconte l’histoire d’une jeune fille de bonne famille placée contre son gré dans un couvent et qui ne se résigne pas au sacrifice de sa liberté. Ce faisant, le film condamne une certaine conception de la religion. Il défend la foi contre l’Eglise et fustige sans équivoque l’entreprise de vampirisation dont cette dernière est coupable. Car le parcours de notre religieuse s’apparente à celui du combattant. Rivette a réalisé sans le savoir une version soft de Full metal jacket. Et l’univers qu’il décrit est au fond fort peu charitable. Il arrive même à ses défenseurs de céder à la tentation du sadisme. Toute la force de cette fable, doublée d’un pamphlet sulfureux, est de ne jamais se départir d’une certaine austérité. Nous sommes aux antipodes des Diables de Ken Russell. Cela confère une efficacité qui n’en est que plus grande à la dénonciation des crimes que la hiérarchie catholique commet au nom d’une société hypocrite. En cela, La Religieuse est un film limpide, sans brouillage esthétique. Il se situe donc en marge de l’œuvre de Rivette et de ses constructions intellectuelles. C’est ce qui explique qu’il n’a pas pris une ride. Superbe.

Yves Alion, La Revue du cinéma N°444 décembre 1988

Plus de quarante ans après, on a du mal à comprendre le scandale que provoqua ce film, interdit par la Ve République gaulliste ! Après une projection à Cannes, il sortit sous le titre de Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot, un carton au prégénérique insistant sur le fait que les mœurs religieuses qu’il décrit sont d’un autre temps. Ouf ! toutes ces précautions étant prises, on peut parler du film et répéter qu’il n’a rien d’un pamphlet antireligieux. Le second degré sarcastique du texte a disparu au profit d’une illustration d’un classicisme surprenant de la part d’un des papes de la Nouvelle Vague. L’héroïne est une chrétienne sincère, qui a la foi… mais pas la vocation.
Sacrifiée par sa famille, elle se bat jusqu’à l’épuisement contre la toute-puissance d’un système inhumain. Au bout du compte, elle est la seule à faire preuve d’un rayonnement spirituel (avec l’abbesse jouée par Micheline Presle). Rivette choisit le dépouillement : peu d’extérieurs, des grilles, des murs en à-plats gris. Plus discutable : la deuxième partie, où s’étire l’épisode du couvent mondain au pittoresque facile. Mais, en martyre de la liberté, Anna Karina est magnifique.

Bernard Génin, Télérama 19 juin 2010

L’affaire “La Religieuse” et la censure :
En 1965, la nouvelle du tournage imminent d’une adaptation du roman de Diderot La Religieuse, émeut les couvents. Sur l’initiative d’associations locales d’anciennes élèves des écoles catholiques, une campagne de pétitions contre ce projet se propage. Alors que Jacques Rivette commence tourner le film, la présidente de l’Union des Supérieures majeures écrit au ministère de l’Information Alain Peyrefitte pour lui faire part de l’inquiétude des religieuses de France devant la perspective d’un film « blasphématoire et qui déshonore les religieuses ». A sa suite, l’Association de parents d’élèves de l’enseignement libre demande l’interdiction d’un film qui « diffame et travestit la vie religieuse, porte atteinte à la dignité de la femme, à l’honneur des religieuses, blesse le sens moral, défigure les religieuses, anciennes éducatrices de nos Mères et de nos Epouses, le plus souvent encore, éducatrices de nos enfants ». Puis le courrier afflue sur le bureau d’Alain Peyrefitte, et chez l’épouse du chef de l’État, Yvonne de Gaulle, qui se contente de faire suivre au ministre concerné. Des hommes politiques s’en mêlent. Edouard Frédéric-Dupont, conseiller municipal de droite, écrit au préfet de police pour l’alerter sur les témoignages « dignes de foi » qui lui ont été fournis sur cette œuvre qui constitue « une véritable diffamation à l’égard des religieuses françaises », et demande à Maurice Papon « d’intervenir auprès de l’Administration pour que lui soient signalées les manifestations que ne manquera pas de provoquer la sortie d’un tel film ». De son côté, Jean Foyer, ministre de la Justice, passe outre l’autorisation donnée à Rivette par l’Administration des Beaux-Arts de tourner dans l’abbaye de Fontevrault, ancien couvent devenu centre pénitentiaire, pour ne pas « gêner ses électeurs catholiques ». Rivette d’en va tourner en Avignon, en terres socialistes. La presse proteste, et interpelle le ministre via Combat, Paris-Presse, Les Lettres françaises.
Pour répondre aux inquiétudes des adversaires du film, lesquels semblent craindre que son film donne l’impression que toutes les religieuses peuvent être assimilées aux deux supérieures du roman de Diderot, l’une sadique, l’autre saphique, Jacques Rivette modifie son titre : le film devient Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot. En 1966, la Commission de censure propose à Yvon Bourges, nouveau ministre, que Suzanne Simonin soit diffusé avec une interdiction aux moins de 18 ans. Yvon Bourges rechigne : il insiste pour que le film, à nouveau visionné par la Commission, soit frappé plus durement. La Commission chapitrée par Maurice Grimaud, directeur de la Sûreté nationale, n’ajoute qu’une interdiction à l’exportation dans certains pays de l’ex-empire colonial français. Yvon Bourges est contraint à endosser seul l’interdiction totale, qu’il justifie en ces termes : « Ce film est de nature, en raison du comportement de quelques personnages comme de certaines situations ainsi que de l’audience et de la portée spécifique d’un film commercialement distribué, à heurter gravement les sentiments et les consciences d’une très large partie de la population. » Un mois plus tard, lors d’un débat à l’Assemblée nationale, il ajoute que le gouvernement a le devoir de « protéger des groupes sociaux de la nation contre la diffamation et l’atteinte de leur idéal ou à leur honneur », imposé par la loi sur la presse de 1881. Cette maladresse a pour conséquence de rallier les adversaires du film contre son interdiction, tandis que des habitants de Bourges proposent de débaptiser leur ville pour l’appeler « Diderot » ou « Rivette », que les défenseurs de la liberté esthétique se déchaînent, Le Monde assurant « qu’en 1966, Diderot est encore bon à mettre au bûcher » et que L’Humanité dénonce « le fait du prince ». Dans une nouvelle lettre envoyée à André Malraux « ministre de la Kultur », et publiée dans Le Nouvel Observateur, Jean-Luc Godard s’indigne. Et André Malraux envoie le film au Festival de Cannes, où les spectateurs peuvent constater qu’il évite toute provocation. Le producteur George de Beauregard a saisi le tribunal administratif dès l’interdiction prononcée par Yvon Bourges. En 1967, l’interdiction est annulée pour vice de forme. La Commission de censure doit visionner le film une troisième fois et demande au ministre de l’Information (qui est devenu Georges Gorse) d’en autoriser la projection en France (sauf pour les mineurs de moins de 18 ans) et l’exportation à l’étranger, sans aucune réserve. Le film sort, coté « à déconseiller » par la Centrale catholique du cinéma, et connait un succès inespéré, en même temps qu’un regain d’intérêt pour le livre de Diderot, que l’on doit rééditer. En 1975, le Conseil d’état confirme l’illégalité du refus de visa opposé au film, le trouvant « scabreux » mais non suspect de viser « la religion ni l’institution conventuelle ».
Dans l’étude qu’elle a consacrée à cette affaire dans le cadre d’un séminaire de l’ethnologie religieuse en Europe, Jeanne Favret-Saada réfute l’hypothèse d’un complot organisé par l’Eglise (qui aurait fait donner ses cohortes laïques et ses bonnes sœurs) et par l’Etat (qui aurait trouvé là une occasion de se faire bien voir d’un électorat catholique dépris du gaullisme). Elle suggère que, même si l’affaire a été déclenchée par des religieuses, les proportions qu’elle a prises résultent de l’engagement conjoint de catholiques traditionalistes considérant l’Eglise comme une citadelle assiégée par la Révolution (Diderot) et par le modernisme (le cinéma) à un moment où le concile de Vatican II les scandalisait, et d’hommes politiques de droite voulant rafler les voix des électeurs catholiques. On se demande pourquoi, poursuit-elle, en 1965, l’adaptation d’une œuvre littéraire au cinéma, précisément un roman de Diderot, un roman portant sur la vie des religieuses, fait encore question « alors que l’histoire du cinéma avait montré depuis longtemps qu’on pouvait adapter au cinéma, sans craindre ni la censure administrative ni la critiques des épisodes tirées de l’Ecriture sainte ou de la tradition chrétienne. D’autant que Jacques Rivette est, avec Robert Bresson, le cinéaste français qui se prête le moins aux accusations de vouloir faire une film réaliste sur les turpitudes des couvents, et qu’il a toujours clamé son intention de procéder à une mise en scène théâtrale fidèle au texte ». Elle note que le ministre de l’information a formé son jugement sans avoir vu le film. Cette affaire, selon elle, renvoie aux disputes rituelles que traitent les thérapeutes conjugaux dans les couples. Elle constitue un échantillon d’éternelles disputes de ménage qui, après l’échec de l’interdiction officielle du film, marqueront la disqualification de l’autoritarisme culturel sous la forme particulière de la censure et encourageront le parti dévot à reprendre dans les années 1980 la lutte contre les films « blasphématoires », non plus avec les armes de la censure, « mais avec celles, mouchetées, du lobbying et celle, démocratique, de la protestation.

Jean-Luc Douin, Dictionnaire de la censure au cinéma, PUF 1998.

Étant cinéaste comme d’autres sont juifs ou noirs, je commençais à en avoir marre d’aller chaque fois vous voir et de vous demander d’intercéder auprès de vos amis Roger Frey et Georges Pompidou pour obtenir la grâce d’un film condamné à mort par la censure, cette Gestapo de l’esprit. Mais Dieu du ciel, je ne pouvais vraiment pas le faire pour votre frère, Diderot, un journaliste et un écrivain comme vous, et sa Religieuse, ma sœur. Aveugle que j’étais. Ce que j’avais pris chez vous pour du courage ou de l’intelligence lorsque vous avez sauvé ma Femme mariée de la hache de Peyrefitte, je comprends enfin ce que c’était, maintenant que vous acceptez d’un cœur léger l’interdiction d’une œuvre où vous aviez pourtant appris le sens exact de ces deux notions inséparables : la générosité et la résistance. Je comprends enfin que c’était tout simplement de la lâcheté. Si ce n’était prodigieusement sinistre, ce serait prodigieusement beau et émouvant de voir un ministre UNR en 1966 avoir peur de l’esprit encyclopédiste de 1789.

Jean-Luc Godard, Lettre à André Malraux, Le Nouvel Observateur, 6 avril 1966.

Thèmes abordés : le siècles des Lumières, la littérature du 18ème siècle, adptation littéraire au cinéma, la Nouvelle Vague, la censure

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