Karel Logist – Desperados

Je vous salue / mes compagnons de route et de déroute / passants d’anonymes partages de mon voyage sans boussole / frères obscurs des passages secrets / Qu’on ne me cherche plus de ce côté de l’eau / dans un rang sur une scène ou dans la loge sept / Je me mets entre parenthèses / je prends le large / je déserte ma rue / ma cour ma demeure ma chambre / ma femme mon enfant et mes bêtes / pour donner corps aux quelques rêves / que je perds trop souvent de vue / pour un autre versant du monde / plus juste plus honnête / plus transparent sans doute / où j’apprends à me supporter…

Karel Logist

Ce recueil de poèmes de Karel Logist est peut-être le meilleur de l’auteur et certainement l’un des plus remarquables de la poésie belge de ces dernières années. Son titre polysémique renvoie autant à la situation illicite dans laquelle sont embarqués les deux protagonistes qui hantent ces textes qu’à la marque de la bière partagée qui marque le début de leur histoire commune. Recueil d’une relation amoureuse, ce livre est rédigé sous l’exigeante contrainte lipogrammatique, qui parvient toutefois — ce qui rend le geste encore plus beau — à se faire oublier aussitôt annoncée. Au-delà de cette lettre toujours cachée (à vous de retrouver laquelle), le texte, tendre et cru à la fois, est tout en dévoilement, qui, à la manière d’un carnet de voyage ou d’une missive à l’autre, expose au lecteur les grands moments de cette aventure secrète, ses détours et ses sommets, son impossibilité et sa fin.

Je t’embrasse sur le front
tu bouges légèrement
ton souffle me permet d’oser une parole
je murmure très bas
(pour que tu n’entendes pas ?) :
“tu me rends chaque jour le plus heureux des hommes”
Ou le plus malheureux.

http://culture.ulg.ac.be/jcms/prod_1302597/karel-logist-desperados


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