Assemblées de quartier en Grèce

Assemblées de quartier en Grèce

juin 2, 2012 par Nouvelles Hors Les Murs

Premier article (sur trois) présentant le mouvement des assemblées de quartier en Grèce.

 

Ces derniers temps, un mouvement relativement nouveau a fait son apparition en Grèce. Un réseau d’assemblées de quartier (ou assemblées populaires) se développe, en introduisant une nouvelle forme de participation à la vie politique dans les villes les plus grandes du pays.  Avant l’assassinat d’Alexis Grigoropoulos en décembre 2008, quelques assemblées existaient déjà, surtout dans la région d’Athènes. Les événements qui ont suivi cet assassinat et la politisation induite ont conduit à une expansion de ce phénomène.

Dans un second temps, en mai 2011, suite au mouvement des Indignés en Espagne, des masses énormes ont investi la plupart des grandes places des villes grecques. Beaucoup de discussions et de critiques ont été faites au sujet des Indignés en Grèce (comme à l’étranger) — il faudra peut-être y consacrer un autre article. Toujours est-il que suite à ces événements, les assemblées de quartier se sont multipliées.

 

A ce jour, dans la région élargie d’Athènes, il en existe une quarantaine. Leur nombre exact à travers le pays est difficile à préciser.

Quels principes les régissent ?

– absence d’hiérarchie
– ouverture (n’importe qui peut y participer)
– réunion des habitants d’un même quartier ou d’une même ville : action au niveau local
– mais aussi réflexion sur les problèmes au niveau national

Quelles sont leurs actions ?

Les assemblées de quartier visent à  politiser les populations et à faire prendre conscience à chacun que la politique n’est pas du seul ressort d’ “élus” ou d’ “experts”. Elles permettent la rencontre de tous ceux qui croient en l’absence d’hiérarchie, les échanges au sujet de l’autogestion et la conviction que ce système peut fonctionner.

Avant la crise

Avant la crise, leurs principales actions se concentraient au  niveau local, essentiellement pour contrer les dérives des municipalités et pour répondre aux besoins du quartier. Plus précisément, elles tendaient à la réappropriation de l’espace urbain contre sa commercialisation (ex : espaces verts à la place de parkings), la protection de la nature et de la santé des habitants (ex : empêcher l’installation d’antennes téléphoniques dangereuses), la lutte contre  les discriminations, et de façon générale une contestation concrète du  mode de vie capitaliste.

 

Depuis la crise

Depuis la crise, elles agissent également au niveau national en participant aux manifestations les jours de grève générale, en soutenant des luttes de travailleurs et en essayant de bloquer l’application des mesures d’austérité (ex : participation au blocage des imprimeries de factures de DEI (équivalent d’EDF) pour protester contre l’imposition d’une taxe  supplémentaire sur l’habitat). Par ailleurs, elles permettent aux habitants de répondre à leurs besoins quotidiens les plus primaires : cuisine collective, troc de vêtements, commerce sans intermédiaires (“mouvement de la pomme de terre“). Elles cherchent à empêcher la présence de l’extrême droite dans les quartiers (tractages, attaque d’immigrés ou de militants…), en hausse dans ces temps de crise. Leur volonté d’œuvrer à un niveau plus élargi se traduit aujourd’hui par une coordination des différentes assemblées de quartier ; ainsi, une réunion  de toutes les assemblées de la région d’Athènes s’est tenue pour la  première fois le samedi 14 janvier.

En conséquence de tout ceci, les assemblées de quartier ont aujourd’hui acquis un poids non négligeable dans le paysage politique grec.

Quelle répression subissent-elles ?

Cette importance n’est pas sans inquiéter les pouvoirs étatiques :

– attaques policières lors des manifestations les jours de grève générale
diffamation d’une assemblée de  quartier par un journal, en faisant le lien entre l’un de ses tracts et une tentative d’attaque terroriste dans le métro
– prison préventive pour un manifestant (arrêté le 12 février 2012), pour sa participation aux assemblées de quartier

Quels problèmes rencontrent-elles ?

Même si leur but est d’élargir l’exercice de  l’autogestion, il est toujours difficile d’étendre ce procédé à la  société entière.
Par ailleurs, les assemblées de quartier cherchent à  répondre à de nombreux besoins, or il est difficile, à l’heure de  l’intensification des attaques de l’Etat, d’être opérationnel sur tous les terrains. N’oublions pas que le principe de la démocratie directe  nécessite qu’on prenne le temps d’écouter chacun pour former un consensus élargi.

http://nouvelleshorslesmurs.wordpress.com/2012/06/02/assemblees-de-quartier-en-grece/

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