Simone Weil La personne et le sacré, Lire un extrait – Simone Weil i post

« Vous ne m’intéressez pas. » C’est là une parole qu’un homme ne peut pas adresser à un homme sans commettre une cruauté et blesser la justice.

« Votre personne ne m’intéresse pas. » Cette parole peut avoir place dans une conversation affectueuse entre amis proches sans blesser ce qu’il y a de plus délicatement ombrageux dans l’amitié. De même on dira sans s’abaisser : « Ma personne ne compte pas », mais non pas : « Je ne compte pas. »

C’est la preuve que le vocabulaire du courant de pensée moderne dit personnaliste est erroné. Et en ce domaine, là où il y a une grave erreur de vocabulaire, il est difficile qu’il n’y ait pas une grave erreur de pensée.

Il y a dans chaque homme quelque chose de sacré.

Mais ce n’est pas sa personne. Ce n’est pas non plus la personne humaine. C’est lui, cet homme, tout simplement.

Voilà un passant dans la rue qui a de longs bras, des yeux bleus, un esprit où passent des pensées que j’ignore, mais qui peut-être sont médiocres. Ce n’est ni sa personne ni la personne humaineen lui qui m’est sacrée. C’est lui. Lui tout entier.

Les bras, les yeux, les pensées, tout. Je ne porterais atteinte à rien de tout cela sans des scrupules infinis. Si la personne humaine était en lui ce qu’il y a de sacré pour moi, je pourrais facilement lui crever   les yeux. Une fois aveugle, il sera une personne humaine exactement autant qu’avant. Je n’aurais pas du tout touché à la personne humaine en lui. Je n’aurais détruit que ses yeux.

Simone Weil La personne et le sacré

Lire un extrait – RN Éditions

Simone Weil, La personne et le sacré

Simone Weil, La personne et le sacré, préface de Giorgio Agamben, Editions Payot et Rivages, Paris, 2017

Simone Adolphine Weil est une philosophe, humaniste, écrivaine et militante politique française, sœur cadette du mathématicien André Weil, née à Paris le 3 février 1909 et morte à Ashford (Angleterre) le 24 août 1943. Bien qu’elle n’ait jamais adhéré explicitement au christianisme, elle est reconnue et elle se considérait, comme une mystique chrétienne.

Quarième de couverture (début de la préface de Giorgio Agamben) :

“L’essai sur La personne et le sacré, qu’a écrit Simone Weil à Londres dans la dernière année de sa vie, ne cesse de nous interpeller pour au moins deux raisons. La première est la critique sans réserve du concept de personne qui, à plus d’un demi siècle de distance, n’a rien perdu de son actualité. La seconde – sans doute tout aussi actuelle – est la recherche acharnée et passionnée d’un principe qui se place au-delà des institutions, du droit et des libertés démocratiques, et sans lequel celles-ci perdent tout sens et toute utilité. Ces deux raisons – qu’illustrent en quelque sorte les deux termes du titre de l’essai – s’y trouvent aussi étroitement liées que la trame et la chaîne d’un tissu et, si nous tentons ici de les distinguer, le lecteur ne devra pas oublier que, dans la pensée profonde de Simone Weil, elles sont en réalité inséparables…”

Mon avis :

Ce petit livre peut servir d’introduction à la lecture de L’enracinement (cf compte-rendu en lien sur ce blog) dont il permet de mieux cerner l’idée fondamentale d’un au-delà du droit et d’une critique de la notion de personne. Cette critique a suscité bien des malentendus, d’autant que Simone Weil s’en prend aussi à cette “vache sacrée” de la pensée moderne, hérité de la Révolution américaine, puis française : “les droits de l’homme”.

Pour Simone Weil, la personne n’est pas sacrée par elle-même et les droits de l’homme  doivent être fondés dans une réalité qui les dépasse et qu’elle appelle, au début de L’Enracinement, à mon avis faute de mieux, l'”obligation”.

Giorgio Agamben fait remarquer dans la préface de La personne et le sacré que pour les juristes, la notion d’obligation n’est rien d’autre que l’envers du droit.

Mais pour Simone Weil, la notion d’obligation ne relève pas du droit, elle est au-delà du droit. Elle se réfère à la figure d’Antigone (la Loi non écrite contre la Loi écrite) et à la question “enfantine” du Christ : “Pourquoi me faites-vous du mal ?” (et non pas : “Vous n’avez pas le droit de me faire du mal)

“Il est singulier que, tout en évoquant à plusieurs reprises la relation de la personne avec le droit (“la notion de droit entraîne naturellement à sa suite (…) celle de personne”) et, à la fin de son essai, avec la théologie chrétienne, Simon Weil n’en retrace pas plus particulièrement la double généalogie, qui, en la liant génétiquement à ces deux domaines, livre aussi les raisons de son succès incontesté et, en même temps, de ses apories.” (p.13)

La lecture de la préface de Giorgio Amgamben : “Au-delà du droit et de  la personne” est très éclairante, dans la mesure où le préfacier explicite ce que Simone Weil ne fait qu’effleurer à la fin de son essai, notamment l’origine théologique (l’unicité de la Trinité) de la notion de personne et sur laquelle elle ne s’étend pas.

Le mot “personne” rappelle Giorgio Amgamben vient du latin “persona” qui désigne le masque de théâtre. C’est donc quelque chose d’étranger qui se surajoute au corps. “Personne” (persona) traduisant le mot grec “hypostasis” (hypostase) qui n’a rien à voir avec le masque de théâtre.

“En séparant le sujet de son corps, les juristes transformèrent le masque de l’acteur en quelque chose qui est peut-être le concept fondamental du droit : “la personnalité juridique”, la capacité d’accomplir des actes juridiquement valides. Avoir ou ne pas avoir une persona (personam habere ou non habere) ne coïncide pas du tout avec l’homo, avec l’être vivant comme tel : cela signifie être capable d’agir juridiquement (ce qui exclut les esclaves, les femmes et les enfants)” (p.13-14)

“Il n’est guère surprenant, poursuit le préfacier que la prétention moderne de faire d’un terme désignant le “masque” juridique revêtu par l’homme quand il entre dans le droit l’expression du statut qui lui revient immédiatement en tant qu’être vivant – ou, pire, une catégorie morale – dût aboutir à des contradictions insolubles.” (p.14)

Giorgio Amgamben explique ensuite que la théologie catholique a hérité de cette étymologie latine : “en cherchant l’équivalent latin du terme grec hypostatis (hypostase), Boèce décide de recourir à un terme dont l’origine théâtrale et juridique lui était parfaitement familière : persona.”

Boèce est conscient du fait que le mot “persona” ne recouvre pas exactement, voire pas du tout le mot grec “hypostasis”, la substance individuelle d’une nature rationnelle qu’il juge même “bien plus pertinente”, mais c’est le mot “personne” qui a prévalu et ce choix, selon le préfacier, a déterminé le caractère problématique du sujet moderne où convergent, contradictoirement le masque de théâtre, la personnalité juridique et la théologie unitrinitaire.” (p.15-16)

http://lechatsurmonepaule.over-blog.fr/2017/04/simone-weil-la-personne-et-le-sacre.html

Il diritto  per sua  natura nasce dalla forza,  sottolinea  Simone Weil, in questo  testo. lodare Roma per averci trasmesso la nozione di diritto è “scandaloso, solo per un singolare malinteso la vicenda di Antigone è stata scambiata per “diritto naturale”.

Simone Weil : “Attention is the rarest and purest form of generosity …

«E rimetti a noi i nostri debiti come noi li abbiamo rimessi ai nostri debitori».

http://www.controappuntoblog.org/2017/07/29/%c2%abe-rimetti-a-noi-i-nostri-debiti-come-noi-li-abbiamo-rimessi-ai-nostri-debitori%c2%bb/

tornando sulla condizione operaia :Simone Weil i post – EUROPA 51 …

Il 3 febbraio 1909 nasceva Simone Weil : partire da La condition ..

Simone WEIL– La Pesanteur Et La Grâce, Autour de Saint Augustin

Simone Weil Quaderni Volume 4″ Internet Archive e le stragi del “giorno”

L’enracinement , LA PRIMA RADICE – La Pesanteur et la grâce …

Giorgio Agamben, Crisi e tempo presente … – controappunto blog

Dèi eletti e infamati.

Morte di un carissimo amico, Agostino d’Ippona

http://www.controappuntoblog.org/2016/12/06/morte-di-un-carissimo-amico-agostino-d%e2%80%99ippona/

Goro, ma tutto il mondo in effetti e Simone Weil i post….

http://www.controappuntoblog.org/2016/10/26/goro-ma-tutto-il-mondo-in-effetti-e-simone-weil-i-post/

 Intuitions pré-chrétiennes – Simone Weil, La Grecia e le intuizioni precristiane; pdf

http://www.controappuntoblog.org/2015/12/05/intuitions-pre-chretiennes-simone-weil-la-grecia-e-le-intuizioni-precristiane-pdf/

L’indicibile tenerezza in cammino con Simone Weil di E .

Simone Weil Quaderni Volume 4″ Internet Archive e le stragi del …

 War and the Iliad by Simone Weil (Author), Rachel Bespaloff

RIFLESSIONI SULLA BARBARIE Simone Weil – 1939 By ..

C’è un’alleanza naturale fra la verità e la sventura :Simone ..

L’enracinement , LA PRIMA RADICE – La Pesanteur et la …

L’enracinement. Prélude à une déclaration des devoirs

SIMONE WEIL : ‘IMPORTANZA DELL’ATTENZIONE- Sulla .

SIMONE WEIL | controappuntoblog.org

Simone Weil a Joë Bousquet | controappuntoblog.org

MaNiFeSTo PeR La SoPPReSSioNe Dei PARTITI POLITICI …

Simone Weil – Quaderni Volume 1 – Volume 3 : Free .

La fredda bellezza. Dalla metafisica alla matematica EpuBook

Matteo Nucci, Le lacrime degli eroi – lezione di epica e dintorni …

non haec sine numine divum eveniunt: Eneide libro 2 ..

The Origins of Totalitarianism – Le origini del totalitarismo: Hannah Arendt : Margarete Von Trotta film e altro

Hannah Arendt e l’antropologia filosofica MARIA TERESA PANSERA -the life of the mind – La vita della mente

A propos du film “Hannah Arendt”, de Margarete Von Trotta …

Hannah Arendt :Responsibility and Judgment …

Lacan, Il seminario VII + post correlati | controappuntoblog.org

Agostino d’Ippona e Hannah Arendt

Se il fatto che io indosso la tunica che tu avevi tessuta per tuo fratello ti dà un qualche conforto

Que grande es el cine : EUROPA 51 ! Rossellini ..

Cette language n’est pas mienne : Simone Weil – Rosa Luxemburg …

E = mc2 e coscienza – Hamlet (opera) A. Thomas – Shostakovich – Grigori Kozintsev

Questa voce è stata pubblicata in amore, cultura e contrassegnata con , . Contrassegna il permalink.