Cannes2017 :12 Jours, di Raymond Depardon ed altro di Depardon

È bellissimo l’esergo che apre 12 jours, il nuovo film di uno dei maestri del documentario francese Raymond Depardon: “Dall’uomo all’uomo vero, il cammino passa attraverso l’uomo folle”. La frase si trova in Storia della follia nell’età classica di Michel Foucault e sembra la dichiarazione di poetica di un film che prova a ragionare sul rapporto tra follia e potere, mostrando quel cammino che divide l’uomo dall’uomo vero.

Il film si svolge in un ospedale psichiatrico di Lione e mostra le udienze durante cui i giudici devono decidere se proseguire i trattamenti ospedalieri obbligati ai pazienti giudicati mentalmente instabili: i 12 giorni sono quelli in cui per legge il giudice deve decidere se l’ospedalizzazione è legittima o no.

Un documentario “frontale” in cui Depardon mostra quelle udienze e il rapporto tra pazienti, giudici e avvocati per raccontarne l’umanità possibile anche in un meccanismo istituzionale e legale.

12 jours si inoltra lentamente lungo i corridoi, i giardini e i dintorni dell’ospedale per poi entrare nelle sale d’udienza e inquadrare con primi e primissimi piani i protagonisti con fortissima comprensione e compassione (come nel tossicomane che sogna di ringraziare l’umanità del giudice quando sarà calciatore professionista) e attraverso questo provare ad ampliare il discorso su come i meccanismi del potere definiscano i rapporti umani dentro i concetti di giusto e sbagliato, normale e anormale.

Un gioco di campi e controcampi in cui Depardon conferma una pratica umanista che non si nega il linguaggio, che non finge di sparire dietro la camera.

Il solo grande limite del film è nella ripetitività della sua struttura che ne impedisce un po’ la risonanza, l’apertura a uno sguardo generale (tanto più che le musiche “sbagliate” di Alexandre Desplat sembrano messe proprio per spezzare il ritmo); ma Depardon si fida completamente dei fondamentali del documentario, ossia luoghi e persone, e così 12 jours riesce a parlare dell’essere umano – folle o no – guardandolo negli occhi senza paure.

Emanuele Rauco

http://www.cinematografo.it/recensioni/12-jours/

12 jours – Clip – Cineuropa

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« Errances » de Raymond Depardon

26 juin 2011

„Errances“ de Raymond Depardon est l’un des rares livres que j’ai acheté six fois. Une fois dans ma bibliothèque, perdu dans un déménagement et aussitôt racheté. Trois exemplaires offerts à des amis. Et une petite édition de poche, toujours au fond de mon sac à dos, cornée, pliée, éraflée, qui partage mes errances depuis trois ans. Elle est allée en Afrique, dans le désert, dans la froidure de Berlin en janvier, elle a suivi mes errances pendulaires…

Voilà un type d’errance que Depardon a oublié dans sa liste. Et pourtant… c’est sans doute une des plus répandues par chez nous, entre ceux qui passent trois heures par jour dans les transports en communs et ceux qui sont régulièrement entre deux avions ou deux trains, levés trop tôt, couchés trop tard, ne voyants des endroits de passage qu’une gare, un bureau et un hôtel ? Et le week-end est trop court pour être chez soi et réinvestir sa vie, il faut vider la valise, quelques courses, lessive, une bonne nuit enfin, quelques heures pour la famille, et refaire la valise. A ce rythme on perd ses amis…. Et en semaine, réfugié dans une chambre d’hôtel trop standardisée pour être intime, le voyageur s’enferme entre une télé et un ordinateur portable, qu’il retrouvera le lendemain au bureau. De l’écran à l’écran… c’est une fausse errance, une mangeuse de kilomètres qui ne montre rien du monde traversé.

Depardon aussi commence sa liste par une « fausse errance », pour lui l’Afrique et le désert. Je commence ce texte avant de m’envoler ce soir pour le Sahara. Il a raison, le désert n’est pas une errance, c’est une voie vers le centre, vers le Soi. Il n’y a pas de traverses ni de détours dans le désert, juste un imaginaire chemin rectiligne vers l’essentiel au milieu de ce grand Rien… Grand Rien, Grand Vide, c’est le Namib, le Rub’Al Kali. Et puis le désert est aussi une recherche urgente et vitale, celle du prochain puit. Chaque homme qui traverse le désert a un but essentiel, qui l’empêche d’errer : trouver de l’eau et sortir de ce Vide mortel.

Vient plus loin « l’errance commandée ». Ce fut en partie la mienne, là encore prendre un avion, un train, et aller faire quelque chose quelque part, esprit en vagabondage, la vacuité d’une salle d’aéroport. Quel est mon but quand je pendule ? Certainement pas d’aller là-bas, puisque je sais déjà que je vais en revenir, y retourner, en revenir encore….

« L’errance forcée », la première errance, Exodus, celle de ceux qui n’ont d’autre choix que de chercher une place acceptable – où ils seront acceptés – ou de mourir. Cette errance que j’ai voulu retracer avant qu’il soit trop tard et que les empreintes de pas soient effacées.

Les photos d’Errances m’ont marquée, complètement détachées du texte, comme une conversation avec un ami, sans le rapport avec le paysage qui défile à la fenêtre du train.

Je me suis lassée très vite du jeu « où est-ce donc ? » photos sans titres et sans légendes, faisant peu à peu mienne cette idée de Depardon, que le monde se ressemble, paysages interchangeables.

Bien sûr certaines photos font penser aux petites villes américaines, mais après tout elles pourraient être dans un pays d’Europe de l’Est, bien sûr certaines photos font penser à l’Afrique, mais elles pourraient être aux confins du désert de Thar, aux États-unis…. Partout où l’herbe ne pousse pas. Et puis une photo m’arrête, par un très étrange et très élusif sentiment de familiarité.

D’abord un mot en français, ou en anglais, bref, dans une langue ou « National » s’écrit … normalement… pas avec un « t », un « z » ou un « c »… C’est une enseigne, peut-être de banque, coupée exactement au début du mot. Impossible de savoir ce qu’il y a avant, une merveille de cadrage apparemment, faussement anodin. Il s’agit d’une longue rue bordée d’arcades, des deux côtés. Les pavés modernes, réguliers et parfaitement plats, luisent sous la pluie. La chaussée est au niveau du trottoir, dont elle n’est séparée que par d’immenses grilles.

Les arcades sont des piliers quadrangulaires, lisses, de pierre, peut être de marbre. Elles se poursuivent en immeubles cossus, le premier étage a une hauteur supérieure aux autres, le dernier étage est en retrait, avec une rambarde qui laisse deviner un balcon généreux, voir une terrasse. Ce qui me trouble, c’est que tous ces éléments me sont extrêmement familiers, j’ai pourtant la certitude de ne jamais avoir vu cet assemblage particulier. J’ai vu tant de ces immeubles, que ce soit dans les quartiers riches de Paris, le XVI° ou l’avenue du Roi à Versailles. D’habitude leurs façades ont aussi des balcons, ici elles sont lisses. A l’exception, sur l’un d’entre elles, dans une rue qui part sur le côté, d’une grille qui pourrait être un escalier de secours.

Les arcades aussi pourraient être parisiennes, ou havraises plutôt, car la pierre est trop lisse, et les pierres jointent trop bien pour que cela soit les arcades de la Rue de Rivoli. Ai-je déjà vu cette alternance de piliers ronds et carrés ? En Angleterre, peut être, mais là encore les pavés sont d’ailleurs, Les grilles d’aération, très longues et larges sont tellement banales, je les ai foulées de nombreuses fois, sur le parvis des quartiers commerçants modernes, à la Défense, à New York, à Lille, en pestant à chaque fois de risquer de coincer mon talon.

Mais cet assemblage particulier, piliers de marbre et longues grilles me paraît unique. Je cherche encore sur la photo, un peu plus loin à gauche, il y a des affiches trop petites pour être déchiffrées. Me reste le pavé, cette chose si banale et si typique, petits pavés gris des rues parisiennes, longues dalles rectangulaires du Pont Neuf, petits rhombes gris foncés à l’entrée de Central Park (qu’un ami New-yorkais, David, identifia un jour sur une photo, instantanément, sans autre repère), petits cubes de ciment naturel ou teinté de rouge sombre des trottoirs allemands, gros pavés chaotiquement soulevés et tarmac amolli par la chaleur d’été d’où fusent de petits geysers de vapeur à Manhattan, octogones réguliers des trottoirs défoncés de Marrakech… Chaque ville a, outre l’agencement de ses trottoirs, la couleur et l’usure de son macadam, la disposition des plaques de rues, le nombre et la hauteur de ses poubelles, une atmosphère particulière, un « flair » qui fait autant pour sa personnalité que ses plus beaux monuments.

Je reviens sur ce pavé, plat, luisant, sous la pluie, surface légèrement irrégulière. La chaussée est quasiment de plain-pied avec le trottoir, nous ne sommes pas en France. Pourtant,là où traversent les piétons, un panneau qui pourrait être un arrêt de bus de la RATP. Mais cette ville familière n’est pas Paris, j’en ai la certitude.

Et puis soudain, balayant pour la dixième fois la photo à la recherche d’indices, je remarque enfin ce clocher d’église qui met fin à ma recherche. Une couleur claire, avec des lignes plus foncées, un toit en forme de bulbe ou de tulipe, à gauche un deuxième bulbe qui dépasse à peine de la pente des toits, nous sommes en Allemagne du Sud, avec ces églises comme il en existe des milliers, crépi beurre frais et toits d’ardoises ou de tuiles vertes. Peut être même à Munich, avec au loin la Frauenkirche.

Quatre pages plus loin, c’est l’inverse. Il me suffit de poser les yeux un instant sur la photo pour savoir que c’est en Allemagne.

Mais il va me falloir chercher quel élément m’en donne la certitude. Ni la camionnette des années 70, qu’on a vu dans toute l’Europe, une bonne vieille Westphalia bien arrondie, ni les petits pavés qui courent au premier plan. Les plaques d’immatriculation des voitures sont trop petites pour être lisibles.

L’ambiance est triste et pluvieuse, hiver européen. Tout est banal, la publicité pour un journal sur l’abribus, le Monde, le Times ou n’importe quel autre, le passant qui s’éloigne n’est déjà plus qu’une silhouette indistincte. Barres d’immeubles si lisses, rectangulaires et sans individualités, de celles qu’on trouve dans toutes les banlieues, dans toutes les petites villes industrielles. Alors ? Perdu dans la photo, vers la droite, un minuscule panneau «S», que mes yeux ont déjà passé dix fois sans le voir, S pour Strassenbahn, le métro allemand.

D’autres photos sont « plus faciles » à situer, par exemple celles dont les enseignes sont en idéogrammes. Mais est-ce réellement si facile ? Japonais ou chinois ? Chine ou Chinatown quelque part en Occident ?

Certaines lumières sont « africaines », soleil brûlant, ciel clair comme uncrystal coupant, ombres dures et contrastes aveuglants…. Certaines banlieues sont américaines, que ce soient d’une petite ville du Middle West ou dans les Etats du Sud.

Ou bien peut être au Mexique… ou ailleurs dans n’importe quel Tiers Monde plus trop pauvre mais pas encore vraiment en développement.

Et les enseignes en anglais ne prouvent rien, il y a des « hamburgers » tout autour de la planète.

Juste que nous sommes dans un pays qui utilise l’alphabet occidental.

Après les photos d’Allemagne viennent les photos de France, et de banlieue parisienne.

Je suis chez moi, capable d’identifier les détails qui me permettent de situer, avec de plus en plus de précision, l’enseigne Monoprix, les arrêts de bus de la RATP, le préfixe téléphonique en 01, la forme des poubelles alignées devant un mur en meulière et crépi… et puis quelque part une enseigne de clinique d’Athis. Le jeu est fini, c’est bien la banlieue parisienne, Athis-Mons.

Mais pour un autre, qui n’aurait pas vécu à Paris, ces photos seraient tout aussi anonymes que les précédentes,

Plus loin encore une photo de salon d’hôtel, quelques fauteuils démodés dans lesquels il ne fait sans doute pas bon s’asseoir, aligné contre un mur dont la seule décoration est un miroir tout simple, sans cadre.

J’ai déjà vu cela quelque part, à Solitaire, en Namibie, et à Berlin. Cette pièce pourrait réellement être n’importe où, même à Londres, sans doute même à Paris, dont je ne connais pas les hôtels pour y avoir vécu près de quarante ans.

Mais d’abord en Namibie, et curieusement cette photo sombre et étriquée évoque pour moi les grands espaces et la lumière aveuglante d’autres déserts.

Nous nous étions arrêtés pour une rapide pause déjeuner, dérangeant un grand chien jaune qui occupait un de fauteuils. Son maitre nous avait servi quelque chose, un peu de viande et des fruits, je crois. Et nous étions restés à l’intérieur, dans la semi-pénombre et l’odeur de défraîchi, pour nous protéger des ardeurs du soleil de midi.

Feuilletant encore et encore ce livre, je crois finalement me retrouver au désert, ce lieu de la non-errance par excellence.

Comme au désert, tous les endroits se ressemblent, et sont pourtant légèrement différents. Comme au désert, aller plus loin, au delà de la dune, au prochain croisement de la route n’apportera que la satisfaction du déplacement, car c’est encore et encore, au delà, plus loin, le même paysage.

Mais je vais suivre le dernier conseil de Depardon « Il faut y aller vite. Ne pas attendre la fin de sa vie […] Pour mieux repartir, pour mieux se connaître. Et puis se faire plaisir. » Et me perdre dans la route sans fin de la dernière photo, ce doigt pointé vers l’ailleurs et l’autre, au delà de l’horizon.

(Toutes les photos qui illustrent cet article sont extraites du livre Errances, de Raymond Depardon, avec son aimable autorisation)

http://www.culturomonde.com/errances-de-raymond-depardon-165

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