Lettre de Louise Michel à Victor Hugo – , LETTRES ET PROSES DIVERSES

Vous saurez bien, vous, dire au peuple ce dernier cri de ma conscience.

Louise Michel avait envoyé des poèmes à Victor Hugo quand il était en exil à Guernesey ; c’était le début d’une longue correspondance amicale entre l’immense écrivain et la militante anarchiste. En 1870, Hugo intervient pour faire libérer Louise Michel. De nouveau arrêtée à la suite de la Commune, Louise Michel continue de lui écrire de prison, comme dans la lettre suivante. Déportée au bagne de Nouvelle-Calédonie à l’été 1873, elle gardera sa ferveur et ses convictions intactes jusqu’à sa mort.

Poète,

Puisqu’on exécute les Républicains sous la République et que tout se tait dans cette tombe de Paris, puisqu’il n’y a plus de presse, puisqu’il n’y a plus d’âme dans cet ossuaire, c’est à vous que j’envoie les lettres que, du fond de ma prison, j’ai adressées aux juges. Vous saurez bien, vous, dire au peuple ce dernier cri de ma conscience.

Quand Eudes fut condamné à mort, nous fîmes une lettre assez fière qu’avec des milliers de signatures, nous avons portée assez fièrement aussi chez Trochu, alors gouverneur de Paris. Michelet publia une lettre dont nous fîmes couvrir de milliers de signatures des milliers d’exemplaire.

Qui fera cela aujourd’hui que nous sommes tous dans les prisons et beaucoup dans la tombe ?

Non seulement il y a cette horreur d’une exécution froide après les hécatombes de mai, mais encore il y a, pour moi qui sais tout, que la Commune, non seulement n’a pas commis ces crimes, mais y a résisté quand Paris regorgeait d’agents provocateurs et de traîtres (de plus, moi-même, plus coupable qu’eux). Je vous demande à vous qui êtes juste de publier les lettres ci-jointes.

Non seulement mes juges se gardent bien de faire paraître devant les Conseils de guerre les femmes vraiment révolutionnaires, mais encore quand les paroles de ces femmes ont fait impression sur eux-mêmes, ils étouffent leur voix. On traînera devant les Conseils de guerre des malheureuses qui pleurent et des [comparses payées], mais moi, à qui on dit depuis cinq mois que je passerai dans les premières causes, on attendra la dernière afin que je ne m’adresse pas à cette foule mauvaise des Conseils et que je n’y éveille un peu d’âme. Ils aiment mieux que tous leurs crimes soient faits avant et, ensuite, on fera un semblant d’amnistie, dont, pour ma part, je ne voudrai plus.

Les misérables, les bandits, que ne nous envoient-ils, nous révolutionnaires, en déportation, puisque nous avons commis le crime de vouloir sauver la République, et que n’ouvrent-ils les prisons à ceux qui n’ont rien fait ? Ils savaient bien que pas un d’entre nous ne voudrait rentrer dans leur Paris, tel qu’ils l’ont fait, ni rester dans la France qu’ils font.

Quand ils n’y seront plus et que tout sera ruine, si on nous appelle, ceux qui resteront viendront encore donner leur vie pour la foule qui les renie et demande leur tête.

Je ne sais, cher maître, comment je vous écris, car l’indignation et la honte me passent sur la tête. S’ils font ces horreurs, ô révolution, mes amours, c’est moi qui te vengerai et jamais il n’y aura eu telle vengeance.

Louise Michel

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