Affaire Raymond Gurême : réaction du Collectif e communismeouvrier.

 

Affaire Raymond Gurême : réaction du Collectif pour la commémoration et l’internement des Tsiganes et Gens du voyage au camp de Linas-Montléry.

 

Voici la réaction du collectif pour la commémoration et l’internement des Tsiganes et Gens du voyage au camp de Linas-Montléry, composé de voyageurs et de gadjé après les accusations de violences policières formulées par Raymond Gurême.
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Le collectif a mené dans l’Essonne un travail de fond sur la mémoire de l’internement dans le camp de Linas-Montlhéry. Raymond Gurême est au centre de ce travail de témoignage et de transmission. De nombreuses familles internées arbitrairement par l’administration française en 1940 sont restées ou revenues vivre à proximité du camp, comme la famille Gurême.
Raymond,
89 ans, l’âme d’un jeune.
Celui qui avait 15 ans lorsque les policiers français l’ont arrêté lui et sa famille un matin d’octobre 40 pour être interné. La question du pourquoi traîne dans sa tête de jeune et dans quelques unes de nos têtes. La tsiganité ? Les documents d’identité particuliers attribués aux Nomades et Forains depuis 1912 ? L’habitat mobile ? Allez donc savoir pourquoi il est si difficile, encore aujourd’hui, de le trouver, cet habitat mobile, inscrit comme un habitat-logement ordinaire, dans les documents d’urbanisme de nos communes.

89 ans, la figure d’un ancien.
40 kilos. Il est vrai que Raymond a perdu 20 kilos en un an d’internement et qu’il ne les a jamais rattrapés. Il est vrai que sa vie de résistant à l’oppression vécue par sa famille et sa grande famille ne lui a guère permis de remonter la pente. Mais Raymond a fondé sa famille, son espace de vie, son tissu relationnel. Pour tous, il est connu et nommé

« Petit Père »
Il y a en Raymond quelque chose de la source, de l’origine, du repère. Avec lui, la distinction s’évanouit, l’humain apparaît, s’épanouit. Saisissez votre chance à franchir la porte ouverte du 14 chemin de Saint-Michel à Saint-Germain-lès-Arpajon (Essonne).

Oui mais,
D’autres franchissent cette porte qui n’ont pas compris ce qui s’est passé le 27 novembre 1940 quand deux cent personnes, vieillards, jeunes, tout jeunes enfants, hommes, furent emmenés de force sous les coups de matraque de policiers et de gendarmes de la gare de Brétigny-sur-Orge où ils avaient été conduits en wagon à bestiaux depuis Rouen jusqu’à des baraquements au bord de l’autodrome de Linas-Montlhéry pour y être internés pendant deux ans.

Le 23 septembre 2014, Raymond dit avoir revécu cette journée de novembre 40. De nombreux policiers sont à la porte du terrain où il habite « à la recherche d’un dangereux criminel ». Raymond, 89 ans, 40 kilos, est dans sa caravane assis à sa table. Un policier entre sans frapper, sans dire un mot. Raymond demande des explications, un mandat… Pour toute réponse : « Ici on n’est pas en Amérique ». Selon Raymond, s’ensuivront coups de matraques, coups de pied, jetée hors de la caravane et tabassage. Les enfants de Raymond, bien sûr, interviendront pour le protéger, ils seront aussi frappés, mis en garde à vue puis condamnés pour outrage, rébellion, coups et blessures contre agents de l’Etat, etc.

89 ans, 40 kilos, on imagine le pire. Mais Raymond est solide, même si cinq jours après, avec le contre-coup, il doit porter minerve. Il a aussi porté plainte, mais plus d’une semaine après, il n’a pas encore été examiné par le service spécialisé de l’hôpital d’Evry qui ne peut, semble t-il, recevoir que sur demande de la gendarmerie qui a reçu la plainte. Les policiers, eux, ont été examinés depuis longtemps et obtenu un jour d’ITT…

« Vichy revient »
Un collectif de voyageurs s’est forgé autour de Raymond depuis 2010 pour réveiller la mémoire et comprendre le présent. Des journées ont été organisées en 2010, 2011, 2012, 2013. Une marche dans les pas des familles de Brétigny-sur-Orge au camp de Linas-Monthéry. Une « dé-marche » du camp de Linas à la gare de Brétigny pour s’évader comme Raymond de toutes les pulsions passées et présentes à enfermer, clôturer, exterminer. Une stèle commémorative à la gare de Brétigny-sur-Orge évoquant à la fois l’histoire dramatique de Raymond et des familles internées et celle des familles Tsiganes – Gens du voyage d’aujourd’hui espérant encore une reconnaissance et prise en compte pleine et entière de leur mode d’être et d’exister.

Raymond est sorti du silence, d’un long silence, a voulu que son histoire imprimée dans un livre, témoigne de la tragédie vécue. Il parle jour après jour dans les écoles, les collèges, les lycées, les universités et tous lieux citoyens, de cette histoire oubliée, remisée, voire reniée : l’arrestation de familles entières, leur internement en France et leur génocide en Europe. Pourquoi témoigne t-il ? Pour que cela ne se reproduise plus, pour que ses enfants, ses petits-enfants, soient à l’abri de ce qu’il sent comme une menace et pour que les sociétés françaises, européennes parcourent un chemin plus pacifié.

Mais l’histoire se reproduit…comme en 40.
Allez savoir pourquoi.

Alors ?

Fait divers ordinaire adossé au silence social, administratif, politique ordinaire ? Ou événement appelant à un sursaut, à un redressement, comme Raymond – 89 ans 40 kilos – retombant sur ses pieds après avoir été jeté comme une poubelle de sa caravane ?

Pour retomber sur nos pieds, le Collectif :
• exige des sanctions fermes contre le ou les policiers responsables,
• demande le retour à une police humaine, respectueuse de chaque homme, femme, enfant, et à une justice à l’écoute de chaque citoyen,
• demande l’arrêt de la pression policière auprès d’une famille cible depuis 1940.

Allez, Petit Père, malgré ces nouveaux coups, reste encore un peu avec nous.
François Lacroix
pour le Collectif pour la commémoration et l’internement des Tsiganes et Gens du voyage au camp de Linas-Montléry.

http://www.depechestsiganes.fr/affaire-raymond-gureme-reaction-du-collectif-pour-la-commemoration-et-linternement-des-tsiganes-et-gens-du-voyage-au-camp-de-linas-montlery/

Arpajon : Violences policières contre Raymond Gurême

Publié le 25/09/2014 par |

Le 23 septembre 2014 ,à Arpajon les forces de l’ ordre françaises s’ en prennent et battent un ancien résistant tzigane, l’un des derniers survivants d’ une page occultée de l’histoire de la France. Raymond Gurême , 89 ans fut interné à Brétigny-sur-Orge au camp de Linas, là où furent internées les familles de Tsiganes et autres Gens du Voyage, par le régime de Vichy. Il est l’ auteur de “Interdit aux nomades“.

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La police lors d’une opération coup de poing armé, s’ est introduite à son domicile et celui de sa famille sans mandat de perquisition. D’autres informations suivront. Nous devons nous mobiliser impérativement. Pour lui , sa famille, ce qu’ il représente, pour faire valoir la justice et que cesse cette discrimination qui devient une véritable persécution.

Notice biographique sur le site du Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah-Amicale d’Auschwitz :

Raymond Gurême est né en 1925 à Meigneux en Seine et Marne. Son père avait un cinéma ambulant et un chapiteau. Lui, il était circassien, acrobate. Ils tournaient en France, un peu en Belgique et en Suisse. Ils étaient des voyageurs, français depuis des générations. Ils ont le statut de forains en 1912.

Raymond Gurême se définit comme voyageur (différent de nomade), roulottier, circassien, descendant de Manouches.

Le 6 avril 1940 les forains n’ont plus le droit de circuler, interdiction signée par Albert Lebrun, président de la IIIe République.

Le 4 octobre 1940, à Petit-Couronne, en Normandie, la gendarmerie arrête tout le monde, les emprisonne à Darnetal dans le camp de rassemblement des nomades, puis les transfère à Sotteville-lès Rouen, et de là, entassés dans des wagons à bestiaux, ils vont jusqu’à Brétigny-sur-Orge. Les gendarmes et les policiers les conduisent dans la soirée à travers bois et champs à Linas-Montlhéry. Ils sont dans le dénuement le plus complet : pas de lait pour les gosses, pas de feu, pas d’électricité, pas d’hygiène. Des bébés sont morts de froid et de faim.

Après diverses évasions, arrestations, prisons et camps jusqu’en Allemagne pour faits de résistance, Raymond Gurême retrouve sa famille en Belgique en 1952. Ils ont été libérés sans rien. De retour à Darnetal, le père n’a rien retrouvé, ni l’argent, les bijoux, les caravanes, le matériel, tout a disparu. Ils n’ont eu aucune aide, aucune compensation.

Il déplore le carnet de circulation (qu’il faut faire tamponner tous les trois mois par la police ou la gendarmerie) auquel les Tsiganes sont encore soumis. En faisant référence à la situation actuelle des Roms, souvent rejetés, Raymond Gurême conclut qu’il faut combattre les préjugés en éduquant les jeunes pour éliminer la discrimination et le racisme.

http://communismeouvrier.wordpress.com/2014/09/25/arpajon-violences-policieres-contre-raymond-gureme/

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