Créer un pôle révolutionnaire dans la société

Le point de non-retour vers lequel semble s’engager la crise de la société capitaliste en Europe et les explosions qu’elle annonce parmi les exploités nous interpellent. L’approche de batailles décisives met les communistes révolutionnaires devant des responsabilités nouvelles.

Il a toujours existé, à la gauche des courants qui veulent l’aménager, un petit milieu révolutionnaire qui lutte contre le salariat lui-même. Il n’a jamais accepté un monde où il faut vendre sa force de travail aux propriétaires d’entreprises pour accéder aux biens et aux services qui sont nécessaires à la vie, quitte à sombrer dans la misère chaque fois que la demande excède l’offre sur le marché capitaliste de l’emploi. Ce courant se manifeste par des actions de lutte concrète, par des revues et des discussions théoriques, et par l’existence de petits groupes qui revendiquent la tradition communiste de Marx.

Le contenu réel du socialisme, l’abolition de la bureaucratie qui monopolise le pouvoir de décision et l’extinction des rapports marchands eux-mêmes, ont été escamoté longtemps : hier par le prétendu « camp socialiste » autour de l’URSS ; aujourd’hui par la résurgence d’un réformisme national radical, dont Mélenchon est devenu le drapeau en France, mais aussi par la timidité d’une extrême-gauche qui défend des perspectives surtout syndicales. Le plus important néanmoins, c’est que l’existence, même limitée, du milieu révolutionnaire a exercé et exerce encore une pression sur la société, au plan intellectuel comme au plan des luttes. La référence au socialisme, l’espoir du socialisme, ne se sont pas perdus, tant ses racines sociales et intellectuelles sont puissantes.

L’éclipse de la perspective communiste par le passé n’était pas seulement due à une incapacité des révolutionnaires à s’organiser pour proposer de manière vraiment efficace leur alternative, ce qu’ils n’ont pas su faire depuis peut-être 80 ans. Elle était aussi et surtout le résultat d’un capitalisme qui n’avait pas épuisé toutes ses possibilités de développement pacifique, au moins dans l’aire occidentale. La voie révolutionnaire, difficile à emprunter, est toujours le dernier recours. Aujourd’hui, cette situation est en train de changer. Les habitudes prises pendant les périodes où le mouvement révolutionnaire a été confiné aux marges de la société doivent également changer.

Le fait de ne pas être à la hauteur des enjeux est une menace sérieuse. Elle n’est pas du tout inéluctable. En conjuguant les forces, nous disposons des ressources intellectuelles, des énergies, des militant-e-s, de l’implantation nécessaire pour créer un pôle révolutionnaire dans la société. Il y a une alternative aux ambiguïtés réformistes qui conduisent peu à peu le NPA à l’éclatement, au programme surtout syndicaliste de Lutte ouvrière et à l’isolement impuissant de l’ultra-gauche : un rassemblement capable d’attirer vers lui l’énergie sincère qui est disponible parmi les millions d’exploités poussés aujourd’hui vers la misère, sans renier son programme ni s’isoler dans un rôle de commentateur.

Le parti révolutionnaire dont nous avons besoin ne viendra pas de la simple addition de petits groupes, mais de démonstrations pratiques et de délimitations politiques, dans un contexte de lutte. La démonstration et la délimitation principale que nous proposons, c’est qu’il est possible de mettre en avant, sur la base du capitalisme d’aujourd’hui, des revendications qui tendent directement au communisme, à la gratuité, c’est à dire à l’extinction de l’argent et du salariat. Le développement économique et technique les a rendu obsolètes pour organiser le travail social. Il rend possible l’organisation d’un pouvoir prolétarien des Conseils effectif et une planification sociale performante.

La défense de l’abolition du salariat comme une perspective concrète, la nécessité d’un parti révolutionnaire prolétarien, l’internationalisme intransigeant, la lutte pour l’abolition du patriarcat et de l’exploitation des femmes par les hommes sont pour nous les points nécessaires, mais suffisants, pour construire dès aujourd’hui une force nouvelle. Les sensibilités différentes qui existent pourront s’y exprimer et s’y confronter de manière positive et fructueuse. Ce rassemblement est un projet difficile, mais nécessaire. Il faut l’organiser autour d’un plan de travail clair, de discussions approfondies. C’est la proposition que nous faisons aux milieux communistes et révolutionnaires.

http://unionpourlecommunisme.wordpress.com/2012/05/28/creer-un-pole-revolutionnaire-dans-la-societe/

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