Grèce: violences dans la rue avant le vote d’un nouveau budget de rigueur

Grèce: violences dans la rue avant le vote d’un nouveau budget de rigueur

 

 

 

 

 

La procédure de désignation du nouveau gouvernement de coalition, non élu, a été conspuée par les manifestants, dont les slogans taggés sur les murs critiquaient un “coup d’Etat parlementaire”, appelé à déboucher selon eux sur une “révolution”. ( © AFP Louisa Gouliamaki)

 

 

ATHENES (AFP) – Des heurts ont opposé un groupe de manifestants à la police mardi soir à Athènes devant le parlement réuni pour le vote d’un nouveau budget d’austérité en 2012, demandé par les créanciers du pays afin de maintenir leur soutien financier à la Grèce.

Les forces de sécurité ont dispersé un groupe de casseurs habillés de noir qui leur lançaient des morceaux de marbre et des cocktails Molotov après avoir défoncé les marches d’un grand hôtel situé sur la place Syntagma, en face du parlement, a constaté une journaliste de l’AFP.

La police a utilisé gaz lacrymogène et grenades assourdissantes contre ce groupe, en marge d’une manifestation qui commémorait le décès d’Alexis Grigoropoulos, 15 ans, tué par un policier le 6 décembre 2008, un drame qui avait déclenché des troubles urbains d’une intensité inédite en Grèce un an avant l’éclatement de la crise de la dette.

Quelque 2.000 personnes ont participé à cette manifestation convoquée par des partis d’extrême gauche et des groupes anarchistes, tandis que la presse évaluait leur nombre au double environ. D’autres rassemblements ont eu lieu à Salonique (nord), Volos et d’autres villes grecques.

Alors que les slogans sur la place Syntagma appelaient “le peuple aux armes” et à “l’insurrection”, au même moment, dans l’enceinte du parlement, plusieurs responsables estimaient que le pays et la zone euro faisaient face à des enjeux vitaux, rendant nécessaires les mesures adoptées.

La procédure de désignation du nouveau gouvernement de coalition, non élu, a été conspuée par les manifestants, dont les slogans taggés sur les murs critiquaient un “coup d’Etat parlementaire”, appelé à déboucher selon eux sur une “révolution”.

Le vote en faveur du budget est en effet quasiment assuré, en raison de la participation de la majorité des partis parlementaires au nouveau gouvernement de coalition formé le 11 novembre par Lucas Papademos, ancien vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), pour faire passer la pilule d’une nouvelle cure d’austérité en échange d’un deuxième plan de sauvetage de la Grèce et de la zone euro.

Le gouvernement peut être assuré de 250 votes sur les 300 députés que compte le parlement, en additionnant les voix des socialistes, de la droite et de l’extrême droite représentés en son sein.

A la tribune, le chef du parti conservateur Antonis Samaras, dont le parti (Nouvelle Démocratie) appartient à la coalition au pouvoir, a estimé qu'”un véritable tremblement de terre est en train de se passer en Europe en ce moment”, en disant qu’il approuverait le budget.

Parmi les premiers pays victimes de la crise de la dette et sous perfusion de prêts internationaux depuis 2010, la Grèce subit pour la troisième année consécutive une rigueur draconienne dans l’espoir d’abaisser son déficit public à 5,4% en 2012.

Alors que la zone euro est en train de se réformer pour tenter de se sauver en prévoyant une intensification de la surveillance budgétaire, la Grèce affiche des prévisions de bon élève en tablant pour 2012 sur un excédent budgétaire primaire de 1,1% du PIB, c’est à dire hors service de la dette.

Pour y parvenir, Athènes prévoit des coupes salariales dans la fonction publique ainsi que la mise au chômage technique de dizaines de milliers de fonctionnaires et des hausses de taxes.

En 2011, le déficit public n’a pas été abaissé autant que prévu initialement, devant tomber en fin d’année à 9% du PIB au lieu des 6,8% prévus initialement, en raison notamment de la poursuite de la récession.

Le PIB grec, qui doit chuter de 5,5% en 2011, devrait ralentir sa baisse l’an prochain à -2,8%, mais aucune reprise n’est attendue avant 2013 au plus tôt.

Le nouveau gouvernement s’est engagé à mettre en oeuvre le deuxième plan d’aide à la Grèce décidé par la zone euro fin octobre à Bruxelles et la poursuite des réformes structurelles.

Ce plan prévoit un deuxième prêt au pays d’environ 130 milliards d’euros d’ici 2014, dont 30 milliards destinés à la recapitalisation des banques grecques après l’effacement de 50% de la dette détenue par les créanciers privés du pays (banques, assurances, caisses de retraite, etc).

M. Papademos a récemment souligné “la complexité et la difficulté” des négociations sur la restructuration de cette dette, qui ne devrait plus peser que 120% du PIB au terme de l’opération, au lieu de 160% actuellement.

Savvas Robolis, professeur d’économie à http://www.liberation.fr/depeches/01012376104-violences-a-athenes-pendant-une-manifestation-a-la-memoire-d-un-adolescentl’université Panteion d’Athènes, juge que “l’économie grecque va passer une année très très dure, que ce soit au niveau économique, social ou même politique” et qu’elle s’apprête à affronter “dix ans de sacrifices énormes”.

http://www.liberation.fr/depeches/01012376104-violences-a-athenes-pendant-une-manifestation-a-la-memoire-d-un-adolescent

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